Cependant, il faut faire attention de les utiliser à bon escient. Voyons dans quels cas il est opportun de les placer.
Dans un dialogue, ils permettent de représenter l’hésitation, le sous-entendu ou l’omission volontaire, à des fins suggestives. On y va ainsi des « Euh… je ne vois pas de quoi vous voulez parler », jusqu’au « Vous voyez ce que je veux dire, n’est-ce pas ?… ». Mais, dans ces mêmes dialogues, ils permettent également d’éviter d’écrire une grossièreté en omettant carrément le mot ! C’est par exemple le cas dans : « Espèce de … ! »
C’est eux aussi que l’on utilise pour mentionner une personne s’étant fait couper la parole. (« Mais, laissez-moi vous dir… »). On les retrouve également pour signifier une liste non exhaustive de mots. Dans ce cas, on peut aussi utiliser le fameux « etc. », que l’on a tendance à combiner avec les points de suspension. Mais l’association des deux est erronée car elle fait double sens, un pléonasme en quelque sorte ! On écrira donc au choix : « Le golf est une école de patience, de réflexion, de précision… » ; « Le golf est une école de patience, de réflexion, de précision, etc. »
Trois points c’est tout !
Ces points de suspension s’emploient au choix de l’auteur comme une ponctuation de fin de phrase ou comme une ponctuation du même type que le point-virgule. Ainsi, on mettra une majuscule après les trois points… sauf si la suspension est pensée comme pouvant se prolonger.
Ils peuvent aussi marquer la rupture dans une citation, et dans ce cas, nécessitent d’être placés entre crochets, sans espace entre les crochets et les points. Émile Zola les a même combinés au point d’exclamation avec « J’accuse…! », pour marquer à la fois l’ellipse et l’exclamation. Ainsi, les points de suspension peuvent se suffire à eux-mêmes ou être accompagnés d’une autre ponctuation. On peut ainsi faire suivre ou précéder ces trois points d’une ponctuation double façon exclamation ou interrogation.
Trois points de l’imagination
L’Office québécois de la langue française recommande d’utiliser le signe double comme quatrième point et de ne pas mettre d’espace. Il mentionne la possibilité de placer le point d’exclamation ou d’interrogation avant ou après, sans préciser la nuance que cela apporte. Nous voilà bien avancés.
Attention cependant à cette erreur assez commune lorsqu’il s’agit de nommer notre triple ponctuation : il s’agit bien de points de suspension, ou trois points. Mais il est parfaitement inutile de vouloir rassembler tout cela en une seule dénomination erronée de « trois points de suspension ». Là aussi, il s’agit presque d’un pléonasme, que vous vous garderez désormais de faire.
Finalement, cette ponctuation est très suggestive, elle laisse place à l’imagination de l’interlocuteur. Ainsi sa signification peut être très large, étendue et adaptable selon le besoin. Et enfin, admettons-le, ces trois petits points sont également parfaits pour représenter le silence… Mais à l’oral, comment les marqueriez-vous ? D’un souffle, peut-être ?