Comprendre la remise en question constructive
La remise en question consiste à interroger ses pratiques, ses croyances et ses résultats pour identifier ses axes d’amélioration, sans pour autant nier ses forces ou ses succès. Il s’agit d’un exercice d’honnêteté intellectuelle, qui demande du recul et un certain courage. Comme le rappelle la psychologue Carol Dweck avec le concept de growth mindset, reconnaître ses erreurs et ses lacunes permet d’apprendre et de progresser, au lieu de craindre l’échec.
Cette posture favorise l’apprentissage continu et l’adaptation, deux qualités essentielles face aux défis contemporains. Les professionnels qui adoptent cette démarche voient leurs compétences s’élargir et découvrent parfois de nouveaux talents ou centres d’intérêt, leur permettant de se réinventer.
Les pièges de la dévalorisation : comment les éviter ?
Se remettre en question ne signifie pas se flageller. La frontière entre introspection et auto-dévalorisation est parfois mince, notamment dans des contextes de forte pression ou de feedbacks mal formulés. Le risque ? Perdre confiance en soi, se sentir illégitime, voire sombrer dans le syndrome de l’imposteur.
Pour éviter cet écueil, il est essentiel de :
- Prendre du temps pour soi, dans un environnement calme, afin d’analyser la situation avec objectivité, loin des émotions à chaud.
- Se poser les bonnes questions : « Quelles sont mes réussites ? », « Qu’est-ce qui peut être amélioré ? », « De quelles ressources ai-je besoin ? » plutôt que « Suis-je à la hauteur ? ».
- Distinguer les faits des jugements de valeur. Un échec ponctuel ne remet pas en cause la valeur d’un collaborateur, mais signale un point à travailler.
- S’entourer de personnes bienveillantes ou de coachs, capables de fournir un regard extérieur et constructif.
Remise en question et culture d’entreprise : un levier d’innovation
La remise en question n’est pas seulement un acte individuel. Elle doit s’inscrire dans une culture d’entreprise où le feedback constructif et l’ouverture à la critique sont valorisés. Les leaders qui pratiquent l’introspection renforcent la crédibilité de leur management, stimulent l’innovation et favorisent un climat de confiance où chacun ose proposer, expérimenter, apprendre de ses erreurs.
À l’inverse, les entreprises qui valorisent la conformité et l’absence de remise en question s’exposent à l’effet Dunning-Kruger : des collaborateurs surévaluant leurs compétences, freinant l’innovation et démotivant les véritables contributeurs.
Conseils pratiques pour une remise en question saine au travail
- Accordez-vous des pauses régulières pour faire le point sur vos motivations, votre charge de travail et vos relations professionnelles.
- Cherchez le feedback auprès de vos collègues ou supérieurs, en l’accueillant comme une opportunité de grandir et non comme une attaque personnelle.
- Célébrez vos succès, même modestes, pour entretenir la confiance en soi et éviter la spirale de la dévalorisation.
- Osez demander de l’aide ou un accompagnement professionnel lorsque le doute devient trop envahissant.
Apprendre à se remettre en question sans se dévaloriser est un art subtil, mais indispensable. C’est un moteur de progrès, d’innovation et de bien-être professionnel, à condition de l’aborder avec bienveillance et discernement, envers soi-même comme envers les autres. Adopter cette posture, c’est choisir de grandir, individuellement et collectivement.
Laura TORTOSA