La retraite à 64 ans va changer la donne… Afin de préserver la santé de leurs collaborateurs amenés à travailler plus longtemps, les entreprises vont devoir faire face à de nouvelles obligations. Pourtant, selon l’enquête IPSOS x PREDILIFE sur le rôle des entreprises dans la prévention santé, dont les résultats viennent d’être publiés, seul un quart des entreprises dispose d’un budget dédié à la santé.
Un chiffre éloquent ! Toutefois, la prévention des maladies graves semble être au centre des préoccupations des dirigeants qui se disent favorables aux bilans de santé dans leur entreprise (64 %), surtout aux bilans prédictifs assistés par intelligence artificielle (84 %). Il en est de même pour les salariés (87 %).
« La santé, au-delà du bien-être, est un enjeu majeur qui doit être davantage considéré et intégré dans la stratégie des entreprises. Aujourd’hui, les bilans de santé sont souvent réservés aux dirigeants de grandes sociétés avec des check-up effectués dans quelques centres de la région parisienne. Les résultats de notre enquête montrent que l’ensemble des salariés souhaitent en bénéficier. En effet, 80 % d’entre eux aimeraient se voir proposer des dépistages des maladies graves alors qu’actuellement seuls 11 % des actions menées pour prendre soin des salariés concernent la santé », explique Stéphane Ragusa, PDG de Predilife.
Comment alors expliquer que les entreprises n’aient pas encore pris l’ampleur du problème au sérieux ? La santé est pourtant au centre de toutes les préoccupations. Selon les résultats de l’enquête, 79 % des salariés estiment que les actions mises en place par l’entreprise pour prendre soin de leur santé ont été déterminantes dans leur choix. Ce critère est cité juste après les conditions de travail (91 %), la rémunération (91 %) ou les missions proposées (89 %). La santé est donc déterminante dans le processus décisionnel.
Du côté des dirigeants, 76 % soulignent l’importance d’accorder une attention particulière à la santé des collaborateurs, tout autant que leur bien-être (77 %). Pourtant, seuls 27 % des entreprises fournissent des informations sur la prévention des maladies graves, 11 % mettent en place des actions concrètes de prévention santé, et 24 % d’entre elles disposent d’un budget dédié à cette cause. C’est peu.
Santé des salariés : quelles mesures mettre en œuvre ?
Parmi les actions attendues pour prendre soin de leur santé, 80 % des salariés manifestent un intérêt pour des bilans de santé ou dépistage destinés à prévenir les risques de maladies graves. Les dirigeants ne sont quant à eux que 65 % à y voir un intérêt. Ces derniers se sentent en effet plus légitimes de proposer des outils de lutte contre le stress (93 %), d’encourager la pratique sportive (81 %) ou de suivre le bien-être global des salariés en réalisant des enquêtes internes (80 %). On notera néanmoins que plus l’entreprise comporte de cadres dans son effectif, plus elle accorde de légitimité aux bilans de santé (l’intérêt des dirigeants monte à 79 % pour les entreprises ayant plus de 11 % de cadres).
L’entrée de la médecine prédictive est par ailleurs très bien accueillie par les entreprises et les salariés. Cette discipline nouvelle donne des prévisions chiffrées de risque d’apparition des maladies, grâce à la génétique. Elle permettrait d’indiquer les risques de survenance des principaux cancers (prostate, sein, poumon, colorectal, mélanome) ainsi que les maladies cardiovasculaires, afin de proposer un protocole de suivi sur mesure.
L’enquête a démontré que les salariés (87 %) comme décideurs (84 %) reconnaissent l’intérêt de ce dispositif qui permettrait de montrer que la santé est une préoccupation pour l’entreprise. 74 % des salariés estiment aussi que cela renforcerait la marque employeur, 78 % pensent que ces bilans réduiraient les coûts générés par la dégradation de leur état de santé, et 72 % considèrent que ce type de solution permettrait d’augmenter la performance de leur entreprise.
Elisabeth DUVERNEY-PRET