Parler d’argent est un sujet qui demeure tabou en France, mais il s’avère que le salaire est un sujet d’insatisfaction pour de nombreux actifs. ADP, spécialiste de la gestion RH, vient de dévoiler les résultats de son enquête annuelle « People at Work, l’étude Workforce View » qui démontre que la majorité des Français s’estime sous-payée, notamment les femmes.
L’étude People at Work 2023 d’ADP réalisée auprès de plus de 32 000 actifs dans 17 pays, dont près de 2 000 en France, vient d’être publiée. On y découvre que plus de la moitié des Français (54 %) estiment percevoir un salaire insuffisant (seuls 26 % d’entre eux considèrent être correctement payés). Ailleurs en Europe, ce sentiment est le même chez les Britanniques (54 %), les Allemands (53 %) et les Polonais (53 %) qui témoignent de leur frustration.
Pourtant, 68 % des salariés interrogés ont vu leur salaire augmenté durant les 12 derniers mois. Mais l’augmentation du coût de la vie et la baisse du pouvoir d’achat poussent 66 % d’entre eux à espérer une nouvelle augmentation de plus 5 % dans les mois à venir. Toutefois, si leur salaire ne venait pas à augmenter, ces salariés aimeraient un geste de leur employeur afin de se sentir valorisés dans leur travail. Arrivent en tête, une prime exceptionnelle (43 %), des chèques-vacances (37 %), des bons d’achat (36 %), des jours supplémentaires de congés payés (32 %) ou encore des semaines de travail plus courtes.
Dur d’être parents ?
Du côté des femmes, le sentiment d’être insuffisamment payées est encore plus fort. 61 % d’entre elles estiment être sous-payées contre 49 % des hommes. Une inégalité salariale qui persiste donc malgré la mise en place de l’index de l’égalité professionnelle et la publication de ses résultats sur le site internet du ministère chargé du travail depuis mars 2023. Des sanctions pécuniaires sont même prévues en cas de non-respect des obligations liées à l’index, mais ce n’est pas encore suffisant.
Ce sentiment d’injustice est plus accentué chez les collaborateurs parents puisque 65 % des mères jugent leur rémunération trop faible contre 52 % des pères. De manière générale, les parents (58 %) sont plus nombreux à trouver leur salaire insuffisant par rapport à ceux qui n’ont pas d’enfant (48 %).
Salaires : un soupçon d’optimisme
On notera aussi que l’âge impacte fortement le ressenti : 60 % des actifs de 35-54 ans affirment être sous-payés contre seulement un jeune de 18-24 ans sur trois (35 %), alors que ces derniers sont habituellement plus sensibles aux questions de discrimination.
Concernant les secteurs d’activité, les salariés qui travaillent dans l’éducation et la santé sont les plus nombreux à s’estimer sous-payés (65 %), devant ceux évoluant dans l’industrie (60 %), le commerce (59 %), le transport et la logistique (58 %). A l’opposé, les travailleurs du secteur des médias et de l’information sont seulement 29 % à juger être sous-payés.
Enfin, les collaborateurs qui travaillent uniquement sur site sont plus nombreux à penser qu’ils sont sous-payés. Ils sont 58 % à exprimer ce constat contre 42 % chez ceux pratiquant le 100 % de télétravail.
Pourtant, malgré ce constat salarial, 75 % des Français interrogés ont déclaré se sentir optimistes pour l’avenir. Ils sont 67 % chez les plus de 45 ans et 80 % chez les 18-34 ans (80 %). Notons toutefois que la moyenne dans le monde affiche un score global de 87 %.
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