Expression : « Ne dites pas, dites » 

La langue française est vivante, peut-être trop : de nouveaux mots et expressions voient régulièrement le jour, sans que ceux-ci viennent combler un manque. Ils s’ajoutent à des formes déjà existantes et parfaitement correctes, mais que l’usage finit par bouder, leur préférant les petits derniers. Résultat : anglicismes, pléonasmes et contresens fleurissent dans notre vocabulaire. Et si l’on essayait, pour une fois, d’employer le mot juste ?

Avec ces quelques corrections*, validées par l’Académie française, vos propos gagneront en élégance et en précision.

Ne dites pas « double alternative »…

C’est un pléonasme ! En effet, « alternative » contient le préfixe latin alter- qui signifie « autre ». Le nom désignant déjà un choix entre deux options, il est redondant de parler d’une « autre alternative » ou d’une « double alternative ». De même, on évitera d’utiliser alternative comme synonyme de « solution de remplacement ou de rechange ».

Ne dites pas « contacter quelqu’un »…

Bien que courant, ce verbe s’est formé sur l’anglais to contact et peut être remplacé par les équivalents (en bon) français « mettre en rapport » ou « prendre contact ». Vous les trouvez trop longs ? Pas de problème, de nombreux verbes vous tendent les bras : joindre, appeler, rencontrer, s’adresser à, parler à, écrire à, téléphoner à, etc.

Ne dites pas « baser sur »…

Encore un anglicisme, formé sur based on ! Lui aussi est entré dans l’usage, au grand dam de l’Académie française. Pour elle, seul l’emploi de baser sur dans le domaine militaire, pour « installer dans une ou plusieurs bases », est correct. Au sens figuré existent les verbes « fonder sur », « établir sur » et « asseoir sur ». Pourquoi s’asseoir dessus ?

Ne dites pas « rapport à »…

Bien sûr, la locution « par rapport à », qui introduit une comparaison, est correcte. Mais dire, par exemple, à son patron « j’aimerais vous parler, rapport à mon augmentation » est une bien étrange manière de s’exprimer. Pourquoi ne pas simplement dire « à propos de mon augmentation » ou encore « au sujet de mon augmentation » ?

Ne dites pas « avoir convenu de »…

Quand il signifie « tomber d’accord, faire un accord avec quelqu’un sur », « convenir  de » se conjugue traditionnellement avec l’auxiliaire « être ». Si vous avez fixé un rendez-vous avec un collaborateur, vous ne direz pas « nous avons convenu d’un rendez-vous » mais plutôt « nous sommes convenus d’un rendez-vous ».

Ne dites pas « coordonnées »…

Cette fois-ci, il n’y a pas que l’Académie qui déconseille l’emploi du nom « coordonnées » au sens de « renseignement précis permettant de localiser quelqu’un ». Même le Larousse le juge familier ! Puisqu’ici il ne s’agit pas de coordonnées géographiques (latitude, longitude, altitude), on préférera demander une adresse postale, une adresse électronique ou un numéro de téléphone.

Ne dites pas « solutionner »…

Pourquoi avoir inventé un nouveau verbe, dérivé du nom solution, alors que nous avions déjà le verbe résoudre à notre disposition ? Sans doute parce que le premier se conjugue plus facilement que le second : nous solutionnons vs nous résolvons ! Mais ne cédons pas à la paresse, révisons plutôt nos conjugaisons !

Sandrine Campese, Projet Voltaire

Publié le 5 Fév, 2019

Rubrique Expression/rédaction

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