Alors que l’inflation semble baisser, les salariés n’en voient pas les effets en faisant le plein d’essence ou en remplissant leur chariot de courses. Le salaire est devenu leur préoccupation principale. Ils vont même désormais jusqu’à scruter leur fiche de paie au peigne fin pour traquer la moindre erreur de calcul. Une gageure pour les assistantes comptables et RH, qui sont d’autant sollicitées.
Selon une enquête menée fin 2022 par ADP Research Institute*, le salaire reste le facteur le plus important d’un emploi. En effet, face à l’inflation, la hausse des prix de l’énergie ou la difficulté d’emprunter, il est logique en cette période que l’argent soit le nerf de la guerre, devant le bien-être au travail.
Des salariés plus attentifs
L’enquête nous apprend que le fait d’avoir une fiche de paie « exacte » est plus important que jamais pour les salariés. Ils traquent ainsi sur leur fiche le moindre paiement manquant ou incorrect. Ils sont 32 % à déclarer rencontrer régulièrement un problème tel qu’un mauvais calcul fiscal. Pire, plus de 43 % estiment qu’ils sont toujours, souvent ou parfois sous-payés par rapport à ce qu’ils devraient réellement toucher. Or « Si les gens perçoivent de façon répétée des montants erronés, cela peut entraîner de sérieuses difficultés financières, affectant leur capacité à payer leurs factures et les exposant au risque d’endettement », affirme ADP.
Des employeurs pourtant transparents
Toutefois, 71 % des sondés déclarent avoir accès à leurs données salariales en ligne, ce qui leur permet de contrôler les dates et montants des paiements. Mais ce système qui devrait éviter les divergences et les anomalies montre ses limites. En effet, il reste difficile pour les salariés de savoir s’ils sont payés correctement, en raison de la complexité́ de calcul des primes, des cotisations, des heures à temps partiel, des heures complémentaires et supplémentaires ou des horaires aménagés. Ainsi, être certain que la paie est versée dans son intégralité est essentiel. « Dans le cas contraire, cela peut détruire la confiance du collaborateur », assure ADP. À vous de faire preuve de pédagogie.
Hausses de salaire ou compensations
Encore une fois, avoir un bon salaire est indispensable pour faire face à la conjoncture actuelle selon les personnes interrogées. Ainsi, 62 % d’entre elles affirment avoir été augmentées en 2022. Mais ces augmentations n’ont atteint que 6,4 % en moyenne, quand le FMI prévoyait une inflation de 8,8 %. Les Européens sont bons derniers avec une augmentation moyenne de 5,4 %.
Des hausses de salaire insuffisantes donc pour faire baisser les exigences des salariés, dont 44 % s’estiment sous-payés de manière générale. Toutefois, ils sont 62 % à penser bénéficier d’une augmentation dans les 12 prochains mois, et 41 % à toucher une prime. Si cela n’arrive pas, ils envisagent tout simplement de changer de métier en étant sûrs de gagner plus chez leur nouvel employeur. Les augmentations attendues varient de 8,3 % à 10,3 %.
Dans le cas où les employeurs n’auraient pas la capacité d’assumer ces augmentations, 39 % de salariés attendent des congés supplémentaires, des semaines de travail plus courtes pour 32 %, des bons d’achat ou des cartes-cadeaux à 28 % ou un versement unique pour aider à faire face à l’inflation à 26 %. Selon ADP « Les entreprises qui mettent en place des actions innovantes pour trouver des façons originales (et potentiellement plus économiques) de récompenser leur personnel dans des circonstances économiques difficiles pourraient découvrir que les deux parties peuvent y gagner ».
Matthieu CHAUVIN
*Étude menée fin 2022 auprès de 32 612 actifs dans 17 pays, parmi lesquels plus de 8 613 travailleurs de la « Gig Economy » exclusivement, soit les « petits boulots » comme livreur Deliveroo, Amazon, VTC…