« Dépêche-toi », « Tu es trop lent », « Allez, plus vite ! », si ces injonctions vous évoquent des souvenirs liés à votre enfance, il se peut qu’ils aient aussi impacté votre gestion du temps. Pascal Anger, psychothérapeute, psychanalyste et médiateur familial, nous a partagé sa connaissance d’expert, afin de vous permettre d’en savoir un peu plus sur ce sujet psychologique complexe.
Un driver, qu’est-ce que c’est ?
Selon Pascal Anger, un driver est en effet « une injonction, implicite ou explicite, qui au travers de notre culture, de notre éducation et de nos expériences diverses va prendre du pouvoir sur nous et piloter une (grande) partie de notre vie. ».
Ces phrases peuvent provenir de toutes personnes supérieures hiérarchiquement à vous, durant votre enfance, telles que votre professeur ou encore vos parents. Elles démontrent leur impact du fait de leur récurrence, communs, mais peu démocratisés, les drivers sont souvent le résultat d’une réaction post-traumatique, de votre enfance jusqu’à l’âge adulte. Selon l’expert, beaucoup évoquent des troubles dus à des drivers de manière « explicite », sans pour autant avoir conscience de ce que c’est.
« Les mots ont une importance primordiale à notre construction »
Bien que les conséquences puissent apparaître dès le plus jeune âge, le psychothérapeute rappelle qu’elles « peuvent [aussi] intervenir à tout moment […] Mais le phénomène va souvent se classifier comme des rappels à notre enfance et à nos blessures. » Il est donc commun d’en observer dans le cadre de son travail et qu’il ait un impact sur celui-ci.
Bénédiction ou fatalité ?
La gestion du temps est une des capacités les plus touchées par les drivers dans notre vie professionnelle. Cependant, ce n’est pas forcément une mauvaise chose comme nous explique Pascal Anger. « Certains ont conscience [des drivers] depuis leur enfance et vont ainsi les utiliser pour faire bouger les choses […] Par exemple, si on dit “dépêche-toi” ou “tu es trop lent”. Pour certains, ce “dépêche-toi”, va leur permettre justement de faire davantage. Et pour d’autres, au contraire, ils ne vont pas savoir comment aller plus vite, ce qui va les freiner terriblement. »
Le psychologue admet tout de même que cette « positivité » tirée des drivers peut être « toxique » si la personne concernée est dans « un mauvais état d’esprit ».
L’impact des mots va ainsi grandement jouer. Par exemple « Peux-tu me rendre le prochain projet plus vite ? » n’est pas semblable à « tu es lent ». Car celui-ci « met l’entièreté de la personne, et toute sa personnalité, dans cette injonction et dans ce mot ».
Les conseils à appliquer
Positifs ou non, les drivers n’ont pas un impact sain sur la santé mentale. Voici quelques conseils de Pascal Anger pour venir à bout de ce trouble. Dans le cas où vous réalisez qu’ils vous atteignent, le spécialiste précise qu’il est élémentaire de commencer par « faire une introspection, avant d’en parler ».
INTROSPECTION
Bien que cela soit un exercice quelque peu complexe, il demeure pour le moins élémentaire. Personne ne sait mieux que vous ce que vous ressentez. Donc lors d’un après-midi calme ou d’une soirée reposante, installez-vous dans une pièce confortable, dans laquelle vous vous sentez bien, et posez-vous les bonnes questions sur votre enfance, votre vie actuelle, vos lacunes… Faites-vous confiance.
QUESTIONNEMENT
Ensuite, vous pouvez vous demander pourquoi cette personne vous a-t-elle dit cela. Peut-être était-ce pour une bonne raison ? Il est important d’avoir l’esprit assez critique envers soi-même pour se remettre en question, sans pour autant partir dans la critique abuse et l’autodestruction. Il faut que vous trouviez le juste milieu !
COMMUNICATION
Si après l’introspection vous en avez conclu que le comportement d’un tel était abusif, le mieux est d’aller communiquer avec cette personne et lui faire part de ce que vous ressentez. Cependant, Pascal Anger le rappelle, il demeure tout de même plus judicieux de consulter un professionnel, si vous sentez un quelconque mal être en évoquant ce sujet.
Pour en découvrir plus sur le travail de Pascal Anger, venez parcourir son œuvre coécrite avec l’auteur Michel Baron Le couple et l’autre, parue aux éditions L’Harmattan. En inspectant le couple d’un regard sociétal et religieux, les auteurs viennent réinventer cette notion à travers la psychanalyse et la culture occidentale.
Ismaella DIALLO