Une réforme qui fait grincer des dents
La mesure phare de cette réforme consiste à réduire le plafond d’exonération des cotisations salariales et à assujettir les apprentis gagnant au moins 50% du SMIC à la CSG-CRDS. Auparavant, ce plafond était fixé à 79% du SMIC, ce qui permettait à de nombreux apprentis d’être exonérés de ces charges. Ce changement devrait prendre effet pour tous les contrats d’apprentissage dans les entreprises de plus de 10 salariés, à partir du 1er mars 2025.
Un impact financier non négligeable
Selon les calculs de l’Association nationale des apprentis de France (ANAF), cette réforme pourrait entraîner une perte nette de 202 euros par mois pour un apprenti touchant le SMIC. Cette baisse significative de revenus inquiète les représentants des apprentis, qui craignent que cette mesure ne décourage de nombreux jeunes à s’engager dans cette voie de formation.
Des conséquences potentielles sur l’emploi
L’ANAF s’inquiète également des répercussions de cette mesure sur les employeurs. Déjà confrontées à une baisse récente des aides à l’embauche, les entreprises pourraient être encore plus réticentes à recruter des apprentis en raison de ces charges supplémentaires. Cette « double contrainte » fait craindre une diminution importante du nombre de recrutements, laissant potentiellement de nombreux jeunes sans solution d’apprentissage.
Une mobilisation qui s’organise
Face à cette annonce, une pétition intitulée « Non à la taxation des alternants ! » a été lancée le 7 février 2025. Elle a déjà recueilli plus de 28 000 signatures, témoignant de l’inquiétude grandissante face à cette mesure. Les initiateurs de la pétition appellent les députés à voter la censure du budget et du gouvernement pour empêcher l’application de cette taxe.
Face à ces critiques, le ministère du travail avait évoqué en novembre 2024 une « revalorisation des grilles salariales » pour compenser cette baisse de rémunération. Cependant, l’ANAF déplore qu’aucune garantie concrète n’ait encore été apportée à ce sujet.
Un débat qui s’annonce houleux
Cette mesure s’inscrit dans un contexte plus large de réforme du budget de l’État pour 2025, adopté grâce à l’utilisation de l’article 49-3 de la Constitution par le gouvernement Bayrou. Le débat autour de cette taxe sur les apprentis promet d’être animé, alors que l’apprentissage est considéré comme une voie essentielle d’accès aux études supérieures, au diplôme et à l’emploi qualifié.
Dans les semaines à venir, tous les regards seront tournés vers le gouvernement pour voir s’il apportera des ajustements à cette mesure controversée ou s’il maintiendra sa position, au risque de fragiliser un système d’apprentissage déjà mis à rude épreuve par les récentes crises économiques.
Laura TORTOSA