Formation : quels enjeux en 2024 ?

Intelligence artificielle et développement des compétences

L’intelligence artificielle (IA) et la data font leur entrée retentissante dans le classement des enjeux de transformation des entreprises cette année, avec 33 % des responsables RH l’ayant mentionné. C’est une apparition remarquable, car ce sujet n’avait pas été abordé auparavant. Cette nouveauté suscite une grande préoccupation parmi de nombreux employés français : 25 % envisagent la disparition de leur métier, tandis que 68 % anticipent une évolution à court ou moyen terme.

Selon l’étude de Cegos*, 28 % des salariés se sentent submergés par la technologie, une augmentation de 7 % par rapport à 2022. En somme, l’IA et la digitalisation suscitent des craintes. Cependant, les DRH sont de moins en moins inquiets quant à l’obsolescence des compétences : seulement 17 % des métiers seraient en danger dans les trois prochaines années. Les salariés ont exprimé un besoin clair : 46 % d’entre eux souhaitent être formés pour s’adapter aux changements de leur poste.

Dans la perspective des stratégies à adopter pour la transformation des entreprises, 62 % des DRH envisagent d’accompagner les employés dans l’amélioration de leurs compétences. De plus, 65 % envisagent de recruter de nouveaux talents, soit une augmentation de 20 % par rapport à 2022.

47 % des DRH envisagent de rediriger les employés vers de nouveaux métiers, que ce soit par le biais d’une reconversion ou d’une mobilité interne. De manière inédite, 23 % envisagent également d’externaliser certaines ressources.

Pour une majorité de répondants, soit plus de six sur dix, le renforcement des compétences devrait être le fruit d’une collaboration entre l’entreprise et l’employé. Précisément, 63 % des DRH partagent cette opinion, un chiffre en baisse par rapport à 2022. C’est paradoxal, étant donné que l’objectif principal des ressources humaines est d’attirer et de retenir les talents, une stratégie nommée « acquisition/rétention ». D’autant plus que les employés ne semblent pas disposés à contribuer financièrement à leur formation.

Les formations d’aujourd’hui et de demain

Les responsables RH semblent désormais mieux aligner leur offre de formation avec les besoins concrets de l’entreprise. Cependant, pour 44 % des employés, les réponses à leurs demandes de formation arrivent soit trop tard, soit « juste à temps » pour 41 % d’entre eux.

Quant à la provenance de cette offre de formation, les chiffres sont assez équilibrés :

• Elle découle directement de la stratégie globale de l’entreprise pour 22 % ;
• Elle est élaborée en fonction des enjeux liés à l’emploi et aux compétences de l’entreprise pour 31 % ;
• Elle est basée sur les besoins spécifiques des différents métiers pour 29 % ;
• Elle répond aux besoins individuels des salariés pour 24 %.

Les salariés, quant à eux, privilégient une formation pratique avec mise en situation, des méthodes plus interactives et ludiques, et, de manière surprenante, une augmentation des formations à distance.

Il est intéressant de noter que l’IA, qui est déjà un sujet brûlant, va prendre une place de plus en plus importante dans la personnalisation des parcours de formation. En effet, 12 % des RH l’ont déjà adoptée, 28 % envisagent de l’utiliser prochainement et 32 % estiment qu’ils y auront recours dans un futur proche.

Concernant les besoins prioritaires identifiés par les RH, la maîtrise et l’acquisition de compétences numériques arrivent sans surprise en tête avec 59 %. Elles sont suivies de près par les compétences en management, organisation et communication à 50 %. Cependant, la politique RSE semble encore en retrait, avec seulement 8 % des répondants considérant le développement durable comme une préoccupation majeure.

Pour l’avenir, les RH envisagent d’accentuer le développement des formations en e-coaching (38 %), en adaptative learning (via des logiciels dédiés) et en immersive learning (utilisant la réalité virtuelle, augmentée ou les métavers).

Formation : des divergences entre salariés et RH

Le baromètre Cegos 2023 met également en avant des divergences entre les salariés et les responsables RH. Ainsi :

• 53 % des salariés estiment qu’une formation certifiante diplômante garantit une montée en compétences adaptée à leur poste de travail contre 37 % des RH ;
• 38 % des salariés estiment que c’est un atout concurrentiel sur le maché du travail contre 17 % des RH ;
• 27 % des salariés estiment que cela permet de mieux contribuer à la performance globale de l’entreprise contre 43 % des RH ;
• 24 % des salariés estiment que c’est un élément de fidélisation pour l’entreprise contre 30 % des RH.

Il est frappant de constater que près de 80 % des employés indiquent que leur entreprise ne leur a jamais proposé de parcours de mobilité conduisant à une certification ou un diplôme. En contraste, 25 % des responsables RH déclarent avoir mis en place de tels parcours, tandis que 44 % affirment y réfléchir.

Bien que le compte personnel de formation (CPF) semble largement financé par les entreprises, d’autres dispositifs tels que le POEI (Préparation Opérationnelle à l’Emploi Individuelle) de Pôle Emploi sont négligés par 75 % des RH. Il en va de même pour le dispositif d’État Pro-A, dédié à la reconversion ou à la formation en alternance, qui est laissé de côté par 61 % des RH.

À vous d’en faire la promotion auprès de vos dirigeants. En effet, à titre d’exemple, les entreprises ont du mal à recruter des alternants dans les domaines de l’informatique et du digital, leur principale préoccupation pour l’avenir. Renseignez-vous sur ces dispositifs et organisez-vous pour les mettre en place.

*auprès de 1010 salariés et 60 responsables RH en France

Matthieu CHAUVIN