Un Français sur cinq : une réalité qui interpelle
En 2024, un Français sur cinq est aidant. Une statistique qui, au-delà du chiffre, révèle une réalité poignante : celle d’une société qui, bien que solidaire, repose encore trop sur la bonne volonté de ses citoyens pour compenser les failles du système de prise en charge. Créée en 2010, la Journée nationale des aidants cherche à offrir une reconnaissance, une sensibilisation, mais surtout une forme de soulagement à ceux qui vivent cette mission. Cette 15ème édition mise sur la thématique de l’auto-reconnaissance : un appel pour que les aidants eux-mêmes se reconnaissent dans ce rôle qui, souvent, est subi plus que choisi.
Aujourd’hui, dans toute la France, des événements se multiplient. Tables rondes, ateliers de relaxation, séances de sport, projections de films ou échanges entre aidants autour d’un café. Des moments pour partager, échanger, se retrouver, parfois se décharger un peu du poids du quotidien. Les associations, comme le Collectif Je t’Aide, recensent ces activités organisées par les collectivités, les professionnels du secteur médico-social, ou simplement par des citoyens qui ont à cœur de soutenir cette cause.
Des dispositifs méconnus, mais essentiels
Mais ce n’est pas tout. La Journée nationale des aidants, c’est aussi l’occasion de rappeler l’existence de dispositifs encore trop méconnus. Parmi eux, le congé proche aidant qui permet de mettre en pause sa carrière pour accompagner un proche, ou encore l’allocation journalière du proche aidant (AJPA) qui sert de revenu de remplacement. Et puis, il y a ces solutions de répit, ces instants où l’aidant peut souffler, se ressourcer, pendant que d’autres prennent le relais. Ces aides ne sont pas un luxe, mais une nécessité, une bouée de sauvetage pour prévenir l’épuisement et l’isolement.
Pour faire connaître ces aides, des plateformes telles que solidarites.gouv.fr/aidant, Ma Boussole Aidants sont là pour guider les aidants. Ces espaces en ligne regroupent des ressources, des formations, des réseaux de soutien. En fonction de chaque situation — aidant en activité, sans activité, jeune aidant — on y trouve de quoi comprendre ses droits, s’informer sur les aides disponibles, mais aussi des conseils pour mieux vivre ce rôle qui bouleverse toute une existence.
Car être aidant, c’est naviguer entre ses propres besoins et ceux de l’autre, souvent au prix d’un sacrifice personnel. C’est être celui qui veille la nuit, qui court les rendez-vous médicaux, qui jongle avec les obligations professionnelles, les exigences familiales. C’est être à la fois le pilier et celui qui, parfois, s’effondre en silence. Beaucoup d’aidants ne se considèrent pas comme tels. Ils se voient juste comme un parent, un enfant, un conjoint présent par amour. Mais cette reconnaissance est essentielle, car elle ouvre la voie à des aides concrètes.
Une campagne nationale pour la reconnaissance
Cette année, pour la première fois, une campagne de communication nationale sur le rôle des aidants est lancée. Du 22 septembre au 20 octobre, le Service public de l’autonomie et le ministère des Solidarités s’associent aux associations pour une mobilisation forte. L’objectif ? Faire connaître le rôle des aidants, montrer que derrière chaque personne fragile, il y a un homme ou une femme qui donne de son temps, de son énergie, souvent au détriment de sa propre santé. Mais aussi montrer qu’il existe des solutions pour les accompagner, des droits qu’ils peuvent faire valoir.
Ces initiatives sont louables, mais restent une étape parmi tant d’autres. La reconnaissance officielle, les aides, les dispositifs ne doivent pas s’arrêter aux mots. Pour que les aidants ne s’épuisent pas, pour qu’ils puissent continuer à être présents sans se perdre eux-mêmes, des actions concrètes sont nécessaires. Des aides plus flexibles, une meilleure diffusion de l’information, mais aussi une reconnaissance sociale et symbolique qui ne se limite pas à une journée par an.
Il est temps que la société entière prenne conscience du rôle des aidants. Ces hommes et ces femmes qui, souvent, ne comptent plus leurs heures et donnent sans attendre en retour. Parce qu’ils sont parents, enfants, conjoints. Parce qu’ils sont le dernier rempart entre la fragilité d’un être cher et un système qui a encore tant de mal à prendre en charge les situations de dépendance. Aujourd’hui, il est essentiel de leur dire merci, mais surtout de leur apporter le soutien qu’ils méritent.
Michel FANTIN
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