Une étude publiée par Fed Office que nous vous avons récemment présentée confirme de gros écarts de salaires à postes équivalents dans l’assistanat de direction, entre Paris et la Province. Mais c’est aussi le cas pour la fonction publique et le secteur privé, alors que le dépassement de fonction est très souvent exigé.
L’étude réalisée par Fed Office est édifiante : à expérience équivalente, soit 10 ans, un(e) assistant(e) de direction en Province peut gagner jusqu’à 15 000 euros bruts de moins par an qu’un confrère ou une consœur travaillant à Île-de-France : 40 000 euros par an contre 55 000. Tous les autres postes reliés à l’assistanat de direction sont concernés. Ces chiffres portent sur le secteur privé, où ce métier est très recherché, surtout si les candidat(e)s parlent anglais. Des chiffres qui étonnent, mais ce n’est rien par rapport aux salaires pratiqués dans la fonction publique.
Les assistant(e)s fonctionnaires
On le sait, dans la fonction publique, les rémunérations sont soumises à des grilles et des fiches de postes. Les salaires sont donc très variables en fonction des catégories (A, B, C, D). Toutefois, on pourrait penser qu’être assistant(e) de direction dans l’administration, avec toutes les responsabilités que ça implique vis-à-vis du contribuable, soit correctement payé. Que nenni !
Bruno, assistant de direction dans l’administration publique en Seine-et-Marne (77), est bien loin de ces niveaux de rémunération : « Avec 30 ans d’expérience, je suis à environ 32 500 euros bruts annuels. La valeur du point d’indice des fonctionnaires ayant été gelée pendant plusieurs années, mon salaire n’est revalorisé que tous les 3 ou 4 ans, d’une trentaine d’euros ». Pourtant, Bruno ne ménage pas ses efforts pour diversifier sa fonction « Je suis quasiment autonome. Je m’occupe de la communication, de la gestion de projet, de l’organisation d’évènements… D’une fiche de poste limitée au départ, la FFMAS (Fédération française des métiers de l’assistanat) m’a permis d’évoluer, mais sans que ça soit le cas pour mon salaire ».
Malgré cette différence de rémunération entre le public et le privé, Bruno ne se plaint pas : « Je suis heureux, proche de mon domicile, je n’ai pas de pression en ce qui concerne les chiffres. Je suis omniprésent sur les réseaux sociaux comme LinkedIn, à l’affût de webinaires et de formations pour, pourquoi pas, avoir les capacités de changer de poste en interne ».
Les assistant(e)s en Province
En Province les salaires restent particulièrement bas, proches de ceux de la fonction publique, et les prérogatives toujours plus étendues. Anna, assistante de direction dans le Loiret pour un groupe industriel, confirme : « J’ai un profil junior. Je suis un véritable couteau suisse. Dès qu’une nouveauté se présente (qui ne dépend d’aucun service), je suis désignée soit pour l’exécuter (sans forcément avoir les compétences pour), soit pour la disséquer et en organiser la prise en charge. »
Mais cela ne s’arrête pas là. « J’effectue beaucoup d’actions qui ne correspondent pas à ma fiche de poste, comme la tenue du site internet de l’entreprise, la facturation, taper des commandes… Ma rémunération n’est absolument pas à la hauteur de ma polyvalence, puisque je ne gagner que 2 149 euros bruts par mois ». Soit un peu plus de 1 600 euros nets.
On constate donc qu’on en demande toujours plus aux assistant(e)s de direction, poste clé dans une grande entreprise comme dans une PME ou une administration, sans que les salaires suivent en fonction des statuts et de la situation géographique.
Pourquoi ces différences de salaires ?
Les explications sont toujours les mêmes, liées au pouvoir d’achat. L’immobilier est plus cher à Paris qu’ailleurs (les loyers y étaient de 40 % supérieurs en 2022 selon les chiffres de l’Insee), tout comme les prix de l’alimentation (de 7 %).
Excepté qu’en Province, le prix de la pierre devient aussi prohibitif dans certains quartiers de certaines métropoles (Lyon, Bordeaux…), et, les transports en commun étant plus rares, les travailleurs dépensent des fortunes en essence pour se déplacer au quotidien. Il devient donc difficile d’expliquer rationnellement ces écarts. La fonction publique est un statut à part, les agents ayant souvent des avantages que n’ont pas les salariés du privé. Reste qu’en pratiquant de tels salaires, il est compréhensible que les entreprises aient du mal à recruter.
L’étude Fed Office, intégrant des tableaux de rémunérations en fonction de l’expérience du candidat et du poste recherché, est disponible en téléchargement sur le site de Fed Office.
Matthieu CHAUVIN