J’accompagne les femmes, mais aussi de plus en plus d’hommes, à éviter ou à sortir de la charge mentale professionnelle ou du burn-out. Je suis aussi passée par là.
Je suis également conférencière et animatrice d’un webinaire bimensuel gratuit sur la charge mentale professionnelle et le burn-out.
Christie Genteuil-Boisel
Consultante charge mentale / Burn-out / Difficultés et évolution professionnelles. Fondatrice du programme Refraîches.
En vrai, je me jugeais souvent paresseuse face à ma to do list jamais complétée, un peu nulle. Je ne m’aimais pas beaucoup, encore moins dans le travail.
Alors j’en rajoutais des couches, toujours plus, dans cette TO DO à rallonge, peut-être pour me tenir occupée d’une certaine façon, me rassurer. Pour ne pas me poser les vraies questions.
Chaque journée commençait avec cette liste interminable qui me criait : « Sois plus forte, sois plus performante, fais-en plus ». Le poids de cette TO DO m’écrasait, me submergeait dans un tourbillon de doutes, de peur, de honte et de culpabilité. Peur du regard des autres. Est-ce que j’allais y arriver ? Cette liste allait-elle se tarir un jour ?
Au fond de moi, une petite voix sourde criait « stop ». Je me sentais parfois incapable de répondre aux exigences et à la pression inhérentes à mon job, mais surtout à cette pression que je m’imposais toute seule. Je craignais tellement d’échouer. Je réalise que je me punissais avec cette lourde TO DO list du début à la fin de la journée.
C’était comme verser de l’eau dans un tonneau percé, chaque tâche accomplie en appelait dix autres. C’est l’idée de travailler dur, mais souvent de ne jamais voir de résultats concrets ou plutôt chaque résultat obtenu génère encore plus de travail à abattre, un cercle sans fin. Pas le temps de savourer une victoire.
Malgré les efforts investis, rien ne semblait vraiment changer, comme si toutes les tâches étaient annulées dès qu’elles étaient réalisées au profit d’un tsunami de nouvelles tâches. Game over.
À force, fatigue, démotivation, frustration et découragement. Charge mentale professionnelle puis s’ajoutais le volet personnel. Charge mentale tout court. Le soir, je commençais déjà à stresser à cause de la TO DO du lendemain, en sachant qu’il y en aurait plus à faire et que je n’y arriverai pas. De quoi avoir le moral dans les chaussettes surtout le dimanche soir où au retour de vacances ?
Ça ne se voyait pas, j’avais cette image de femme souriante et forte, mais en réalité je portais un masque que je m’étais fabriquée au fil du temps. Souvent, à midi, les choses urgentes et importantes n’étaient toujours pas commencées et je me mettais à bosser comme une malade pour tenir l’échéance grâce à un gros pic de cortisol. Montée d’adrénaline.
Je me racontais que j’étais au meilleur de mes capacités sous pression. Mais je ne savais pas ce que les hormones du stress, cortisol et adrénaline, font dans le corps dans le cadre d’une exposition prolongée.
En gros, le mode « alerte » est activé en permanence, ce qui épuise l’organisme. Outre la fatigue, cet état peut entraîner des maladies cardiaques, de la dépression, trouble du sommeil et de l’humeur, un affaiblissement des défenses immunitaires… Mais également des problèmes de mémoire et de concentration, ce qui n’aide pas au travail.
D’autres se shootaient avec des drogues, moi je me shootais au cortisol. Le stress était aussi devenu mon compagnon nocturne, me réveillant dans un sursaut persuadé d’avoir oublié quelque chose d’essentiel, ou bien repassant en boucle des mails ou des conversations professionnelles.
L’épreuve de la charge de travail
Chaque jour, je me confrontais à l’illusion de pouvoir tout accomplir, une frustration constante qui m’empêchait de gérer les priorités et de me concentrer sur les tâches réellement importantes. Je procrastinais en dépit des nombreux contenus consommés sur le sujet.
Je me laissais souvent séduire par les tâches faciles et plaisantes, au détriment de celles qui pourraient réellement faire avancer les choses. Les podcasts et les vidéos étaient mes meilleures copines, j’étais occupée certes, mais toujours pas productive au travail. À la fin de la journée, je me retrouvais toujours avec ce sentiment de vide, comme si je n’avais rien accompli de concret même quand ce n’était pas le cas.
La quête du focus et de l’organisation
J’étais une experte dans l’art de me laisser distraire surtout par les réseaux sociaux ou des événements, ou toute autre sollicitation agréable, oubliant ainsi mes tâches prioritaires, l’urgent et l’important. Je n’avais que faire de la matrice Eisenhower et de la loi de Pareto. Ça ne marchait pas sur moi. Ça ne marche toujours pas. Mon être disait non. Ouf, aujourd’hui je n’ai plus trop besoin de ça.
Mais j’ai quand même fini par comprendre qu’il était temps d’organiser mon emploi du temps et de m’y tenir, de ne pas succomber aux tentations qui me détournent de mes objectifs. Des pratiques telles que la cohérence cardiaque, l’autohypnose et la méditation sont devenues mes vraies copines pour apprendre à rester concentrée.
Puis un jour, au milieu des vagues tumultueuses de ma vie professionnelle, j’ai pu faire un peu de silence et j’ai entendu un appel doux, mais persistant. C’était ma raison d’être, mon « pourquoi » profond qui me chuchotait à l’oreille et m’invitait à revenir à moi-même. Je me suis rendu compte que ma valeur ne résidait pas dans le nombre de tâches cochées sur une liste infinie, mais dans ma capacité à me connecter avec ce qui résonne vraiment en moi.
En écoutant cette voix intérieure, j’ai découvert une nouvelle façon d’être au travail, où la productivité n’est plus un fardeau à porter, mais une expression authentique de qui je suis et de la contribution au monde que je souhaite apporter. M’aligner avec ma raison d’être, en l’occurrence contribuer à la lutte contre la souffrance au travail, m’a permis de trouver une nouvelle source d’inspiration et de motivation profonde dans mon travail.
Aujourd’hui, je ne suis plus esclave de ma To Do List, mais son maître bienveillant
Je ne suis pas mon travail. Oui, ne plus prendre la tangente de ma vie. Je choisis avec soin les tâches qui méritent mon attention, je m’engage pleinement dans chaque action, sans me laisser submerger par les flots tumultueux du stress et de l’auto-doute.
J’ai trouvé un sens clair à mes actions, mes émotions sont plus apaisées, me permettant de prioriser efficacement mes tâches et de les aborder avec détermination. En ayant compris mon objectif ultime, je me laisse bien moins submerger par les distractions et la charge mentale. Certes parfois elle pointe le bout de son nez, mais je sais la gérer sans replonger dans mes écueils.
Mon problème de procrastination s’est presque totalement dissous naturellement (je n’avais pas pris le problème par le bon bout) et plus besoin d’avoir une TO DO de deux mètres de long sous les yeux. Juste 2 tâches urgentes et importantes à compléter chaque jour en coupant « les gros morceaux » en plusieurs plus digestes. Le reste suit tout seul.
Maintenant, je suis différemment investie émotionnellement dans mes activités, je ne « travaille » plus sous l’emprise de mes émotions. La peur, la honte, la culpabilité, le regard des autres ne sont plus omniprésents. D’ailleurs cette peur du regard des autres était liée au fait que j’étais focus sur mon image et pas tournée vers ma contribution.
J’ai réalisé qu’il était crucial de ne plus laisser le travail submerger mon mental. Prendre du temps pour moi, cultiver mes passions et des pratiques de bien-être sont désormais essentiels pour nourrir ma créativité, ma motivation et préserver mon équilibre mental et physique.
En m’alignant avec ma raison d’être, j’ai trouvé la clé pour sortir de la spirale de la charge mentale et de la procrastination, faire de la clarté pour naviguer vers un avenir plus radieux et plus épanouissant. Et dans cette lumière nouvelle, je trouve la force et le courage de partager mon voyage avec les autres, dans l’espoir qu’ils trouveront aussi leur chemin vers la liberté.