« La semaine de 4 jours », cette initiative révolutionnaire pourrait bien devenir la norme en matière de gestion du temps de travail… en Angleterre. Depuis juin 2022, des groupes comme 4 Day Week Global et 4 Day Week UK Campaign, ainsi que des chercheurs des universités de Cambridge et du Boston College, ont mené une expérience à grande échelle avec la participation de plus de 60 entreprises. Les employés ont travaillé 4 jours par semaine, soit environ 10 heures par jour, tout en conservant leur salaire, pendant six mois.
Les résultats sont éloquents : 56 entreprises sur 61 sont prêtes à poursuivre la semaine de 4 jours, et sur les 3 000 employés qui ont participé au programme, 15 % ont déclaré qu’ils ne reviendraient pas à la semaine de travail de 5 jours, même pour de l’argent. C’est un signe clair que la semaine de 4 jours apporte plus de satisfaction et de qualité de vie au travail, sans compromettre la productivité.
Moins d’absentéisme, plus d’énergie
La semaine de 4 jours en Angleterre a produit des résultats étonnants, selon les chercheurs. Une baisse de 66 % de l’absentéisme et une augmentation de 88 % des candidatures ont été observées, témoignant d’une amélioration significative du rapport au travail. Les employés ayant trois jours de week-end pour se reposer démarrent la semaine avec plus d’énergie. Avec comme conséquence directe, des risques moindres d’épuisements professionnels.
De plus, avoir un jour de plus pour la vie personnelle a un impact positif sur l’équilibre entre la vie professionnelle et privée. Ce changement a également eu un impact positif sur la vie de famille. Une responsable des médias a déclaré dans le Washington Post : « Je ne me sens plus constamment débordée dans ma vie familiale ni coupable de devoir comprimer mes responsabilités et les courses en deux jours ».
Pour cette employée, la semaine des 4 jours est avant tout l’occasion de passer plus de temps avec son enfant. Trouver un meilleur équilibre entre la vie professionnelle et personnelle, améliorant la satisfaction au travail et la qualité de vie, c’est aussi ce que les entreprises tentent d’obtenir avec la mise en place de la politique « Parent-friendly ».
Un mouvement en marche en Europe
Partout en Europe, des expérimentations sont en cours. La semaine de 4 jours a été officialisée en Belgique en septembre, et l’Espagne regarde comment, elle pourrait adapter le principe avec un bémol : la plage de travail serait de 4 jours et demi. Le test est mené actuellement sur toutes les petites entreprises, de moins de 250 salariés, du secteur industriel, avec une prime substantielle de l’État pour les volontaires.
Et en France ? Selon Alexandre Peyrout, journaliste chez France Télévisions, soulignait que « 20 % des salariés de l’Hexagone travailleraient dans des entreprises qui offrent la possibilité de passer à la semaine de quatre jours ». Même son de cloche chez le cabinet Robert Half qui s’appuie sur un sondage de juin 2022 pour affirmer que « 35 % des employeurs français sont prêts à explorer l’idée de la semaine de 4 jours dans un avenir proche ». Qui précise néanmoins que cela concerne essentiellement les TPE et les PME et non les grands groupes.
Pour Claude Calmon, fondateur de Calmon Partners, « la pandémie a profondément altéré la perception des Français sur leur vie professionnelle. Les salariés et les candidats sont de plus en plus conscients de l’importance de l’équilibre entre la vie personnelle et professionnelle ». Naguère considérée comme un argument de marketing pour les entreprises soucieuses de leur attractivité, l’idée de la semaine de 4 jours est aujourd’hui un sujet de préoccupation pour les candidats qui n’hésitent plus à le mentionner lors des entretiens d’embauche.
Une réflexion sur la charge de travail s’impose
La semaine de 4 jours offre une solution pour rétablir l’équité entre les emplois compatibles avec le télétravail et ceux qui ne le sont pas. Les secteurs tels que l’hôtellerie, la restauration et l’industrie peuvent en bénéficier en résolvant les problèmes d’attractivité liés aux horaires contraignants.
« Toutefois, il est important de ne pas oublier que la semaine de 4 jours ne doit pas fragiliser les salariés. Car certains pourraient être tentés de s’investir au-delà du raisonnable les autres jours de la semaine pour bénéficier de leur jour “off”, mettant ainsi leur santé en danger », poursuit Claude Calmon. « Pour mettre en place une semaine de 4 jours efficacement, il est donc impératif de réfléchir préalablement à l’organisation du travail et à sa charge », conclut-il.
Nicky KABEYA