En 2024, les IA comme ChatGPT, Gemini, Mistral, Midjourney ou encore Claude 3 sont sur toutes les lèvres, et pas seulement celles des geeks. Cette technologie ne se contente plus de dominer les laboratoires des, elle est là, dans nos vies, au bureau, dans nos agendas, et même parfois dans nos courriers électroniques.
Bruno Loureiro
Assistant de direction et Président FFMAS Paris Île-de-France
L’IA, c’est un peu ce nouveau collègue qui promet de révolutionner la façon dont on travaille, mais qui inquiète aussi, surtout quand on parle de postes d’assistanat, directement concernés par les tâches automatisables. Mais faut-il vraiment s’en inquiéter ?
La crainte de la substitution : une légitime inquiétude
Le doute, il faut l’admettre, est naturel. En tant qu’assistant(e), vous êtes souvent en première ligne pour traiter des tâches administratives répétitives telles que la gestion d’agenda, prises de rendez-vous, réponses automatisées à des courriers électroniques, préparation de présentations… tout cela est aujourd’hui à la portée d’une IA. Les chatbots, capables de gérer les demandes courantes des clients, ou encore les assistants vocaux intelligents, qui réduisent drastiquement le besoin d’une intervention humaine pour les réponses basiques, sont des exemples clairs. De plus en plus d’entreprises se tournent vers ces outils, convaincues par la promesse d’efficacité et de coûts réduits.
Pour beaucoup, l’IA fait figure d’ombre menaçante, prête à avaler des métiers entiers, et l’assistanat n’échappe pas à ce scénario anxiogène. Il est vrai que certaines compétences, autrefois valorisées, sont aujourd’hui potentiellement remplaçables par une technologie efficace et immédiate. Il est donc légitime de se demander si l’IA n’entraînera pas une réduction significative des effectifs dans ces fonctions. Pourtant, la réalité est plus complexe que cela, et il faut aussi envisager l’autre face de la pièce.
L’IA comme catalyseur d’efficacité et d’épanouissement professionnel
Le scénario sombre où l’IA remplace les assistant(e)s est loin d’être la seule réalité envisageable. En fait, pour beaucoup, l’IA est avant tout un outil qui vient enrichir le travail des assistant(e)s, leur offrant de nouvelles possibilités d’épanouissement. Plutôt que de voir l’IA comme un concurrent, la voir comme un allié pourrait transformer la manière dont on envisage le rôle des assistant(e)s.
Imaginez ne plus avoir à traiter les tâches les plus ingrates et répétitives. L’IA peut, par exemple, s’occuper de trier vos courriers électroniques, de répondre aux demandes les plus simples, de classer les documents ou encore d’automatiser la prise de rendez-vous. Ce gain de temps libère l’assistant(e) pour se concentrer sur des tâches à plus forte valeur ajoutée, comme la gestion de projet, l’organisation d’événements complexes ou la contribution à des stratégies internes. Cela ne signifie pas moins de travail, mais du travail différent, souvent plus stimulant et gratifiant.
Prenons l’exemple d’un assistant qui, grâce à un assistant virtuel IA, réduit de moitié le temps consacré aux réunions et aux rapports. Ce temps peut être réinvesti dans une activité créative, le développement d’une compétence personnelle, ou encore un accompagnement stratégique à la direction. Ce glissement vers des activités plus qualitatives peut être la clé pour faire évoluer les métiers d’assistanat vers des rôles plus stratégiques, faisant de l’assistant(e) un vrai pilier de la transformation digitale de l’entreprise.
IA et soft skills : le cœur de la différence
L’une des plus grandes limites de l’IA est son incapacité à comprendre la nuance humaine. Certes, elle peut rédiger un courrier électronique poli, mais saura-t-elle lire entre les lignes, comprendre les dynamiques d’une équipe, anticiper un conflit latent ou encore rassurer un client anxieux ? Les compétences interpersonnelles, l’intuition, la compréhension des subtilités culturelles et le tact sont des éléments que l’IA ne parvient pas à maîtriser.
Les assistant(e)s disposent d’un savoir-faire relationnel que l’IA ne peut qu’imiter superficiellement. Ce lien humain, la capacité à écouter, à apporter du soutien émotionnel, à tisser des relations de confiance, c’est là que la vraie valeur ajoutée des assistant(e)s réside. En fait, l’IA pourrait même offrir la possibilité de renforcer cette dimension humaine : en déléguant les tâches purement administratives, les assistant(e)s pourraient davantage se concentrer sur la création de valeur relationnelle, ce qui est souvent au cœur des besoins des dirigeants et des équipes.
L’importance d’une cohabitation éclairée
La question n’est pas tant de savoir si l’IA va remplacer les assistant(e)s, mais plutôt de comprendre comment les deux peuvent coexister de manière bénéfique. Une cohabitation éclairée suppose de connaître les limites de l’IA et d’apprendre à en tirer parti, sans jamais perdre de vue la valeur propre de l’humain.
Pour rester pertinente, la profession d’assistant(e) doit évoluer avec son temps. Cela signifie s’approprier ces nouveaux outils technologiques, en comprendre les forces et les faiblesses, et ajuster ses compétences. Les formations en compétences digitales, l’amélioration de la gestion du changement et la capacité à faire preuve d’agilité dans un environnement en mutation rapide sont les clés pour s’assurer une place de choix dans le futur du travail.
Nombre d’assistant(e)s ont déjà commencé à intégrer l’IA dans leur quotidien. On peut citer les outils de planification comme Calendly, les assistants vocaux comme Alexa for Business, ou les plateformes de gestion documentaire intelligentes. Ces technologies permettent d’automatiser les tâches répétitives, mais elles n’ont de valeur que si elles sont guidées par un humain capable de les configurer correctement, d’interpréter les résultats et d’en tirer des conclusions pertinentes.
Transformer la menace en opportunité
Pour transformer ce qui peut sembler être une menace en une véritable opportunité, il est essentiel de repenser le métier d’assistant(e). Les compétences humaines et les IA sont loin d’être incompatibles. En fait, l’IA est là pour épauler, non pour remplacer. Les métiers qui sauront évoluer, se transformer, intégrer les nouvelles technologies tout en se concentrant sur ce que l’IA ne sait pas faire, comme l’empathie, la relation humaine, la prise de décision nuancée, sont ceux qui non seulement survivront, mais prospéreront.
L’assistanat est un métier qui se réinvente sans cesse. Avec l’IA, il a une opportunité unique de s’affranchir des tâches les plus fastidieuses pour mieux se recentrer sur l’humain, sur la gestion des émotions, et sur des activités plus stratégiques et enrichissantes. En embrassant cette technologie, les assistant(e)s ne deviendront pas obsolètes. Ils et elles deviendront tout simplement plus indispensables, mais sous une forme différente.
Finalement, l’IA peut être une chance pour celles et ceux qui ont la curiosité et l’audace de s’en saisir. Et si, loin d’être une menace, elle était le moteur d’une évolution positive, offrant à l’assistanat une nouvelle dimension ?
Les robots conversationnels
Les robots conversationnels, ou chatbots, sont des programmes informatiques qui utilisent l’intelligence artificielle pour simuler des conversations humaines. Capables de répondre instantanément aux questions courantes, ils sont largement utilisés dans le service client et l’assistanat. Leur efficacité réside dans leur capacité à traiter un grand volume de demandes simples, libérant ainsi du temps pour les tâches plus complexes. Toutefois, ces robots ont leurs limites : ils ne possèdent ni empathie ni compréhension contextuelle, des compétences que seuls les humains peuvent apporter. La clé est donc de combiner l’utilisation des chatbots avec l’expertise humaine pour une efficacité optimale.