Vous vous sentez dévalorisé au travail ? Vous craignez les interactions avec votre supérieur ? Vous vous demandez comment vous comporter face à un manager qui sème le stress et la discorde ? Si ces questions vous parlent, il se peut que vous soyez aux prises avec un manager toxique.
Dans un environnement professionnel idéal, les supérieurs devraient soutenir et motiver leurs subordonnés. Cependant, la réalité est parfois bien différente. Voici quelques stratégies pour naviguer dans ces eaux troubles.
Comment reconnaître un manager toxique ?
Le management est un art délicat. Il exige non seulement une connaissance approfondie du travail, mais aussi une capacité à diriger et à motiver les employés de manière constructive. Malheureusement, tous les managers ne remplissent pas leur rôle de manière positive. Savoir identifier un manager toxique est essentiel pour protéger sa santé mentale et sa carrière. En voici quelques exemples.
Le manager est adepte de l’humiliation publique. En effet, il a tendance à critiquer ouvertement ses subordonnés devant leurs collègues. Plutôt que de donner un feedback constructif en privé, il préfère réprimander ou dénigrer, moquer les employés en public, sapant leur confiance et leur estime de soi. Il a également tendance à minimiser leur travail, et à s’en attribuer le mérite.
Julien, ancien salarié d’une maison d’édition française, témoigne : « J’ai été confronté à une hydre à deux têtes : mon N+1 et ma N+2, qui se menaient une guerre silencieuse. Du coup, dès qu’il y avait un conflit entre eux, c’est moi ou l’un de mes collaborateurs qui en prenions plein la figure devant toute l’équipe, en réunion par exemple. Les moqueries étaient aussi quotidiennes, comme le dénigrement, dans des termes insultants de surcroît. Et la réussite de ce que nous produisions n’était jamais reconnue, c’était forcément de leur fait ».
Fixer des objectifs élevés est une chose, mais imposer des attentes impossibles à atteindre en est une autre. Les managers toxiques tendent à exiger des standards élevés sans fournir le soutien nécessaire pour les atteindre. Ces objectifs irréalistes mènent à une surcharge de travail, du stress, et un sentiment d’échec constant. « La direction menait une guerre des coûts et nous en demandait toujours plus, malgré des outils informatiques défaillants, voire non opérationnels. Malgré cela et des affirmations contraires, jamais nos managers n’ont tapé du poing sur la table pour nous permettre de travailler correctement. Nous devions produire et faire avec », poursuit Julien.
L’utilisation de la manipulation est un trait distinctif d’un manager toxique. Ils manient à la perfection des techniques telles que la culpabilisation, la désinformation ou le favoritisme pour contrôler et dominer leurs employés. Julien : « La rétention d’informations essentielles, la latitude horaire dont bénéficiaient certains collaborateurs étaient notre quotidien. Quant à moi, s’il m’arrivait d’arriver un peu en retard, je devais rattraper… ».
Utiliser la peur comme outil de motivation est un signe clair de toxicité. Les menaces de licenciement, de rétrogradation ou de punition ne sont pas des tactiques de management saines. Enfin, ces managers n’écoutent pas les préoccupations ou les idées de leurs employés et créent un environnement où les gens se sentent négligés et non valorisés. « Pendant plus de 6 ans, on me demandait à chaque rentrée mes besoins en formation. Les formulaires tombaient dans l’oubli… Durant la même période, on m’a fait miroiter une promotion, qui n’est jamais arrivée et quand j’avais une idée, ce n’était jamais la bonne alors que j’étais un pilier de l’organisation ». Nous allons voir que Julien n’est pas le seul à avoir subi un management négatif.
Comment réagir face à un chef toxique ?
Se retrouver sous la houlette d’un manager toxique peut rapidement devenir cauchemar professionnel, affectant non seulement la productivité, mais aussi la santé mentale et physique. Face à une telle adversité, il existe des moyens de se protéger.
Le premier réflexe à avoir est de documenter chaque incident, noter les dates, les heures et les témoins potentiels. Conservez tous les courriels ! Tout ceci peut servir de bouclier si l’on décide de saisir les ressources humaines ou d’entamer une action. Tom, assistant de rédaction : « Ma N+1 me menait la guerre après m’avoir promu. Elle se délestait de toutes ses tâches sur moi et j’étais responsable de tous les maux. Elle était sous traitement et apportait son mal être au bureau. Résultat, j’ai fait un burn-out et j’ai été arrêté 3 mois. En revenant, je ne voulais plus travailler avec elle et faisais mes propres horaires. Comme j’avais conservé soigneusement tous les courriels, notamment ceux d’échanges musclés, plutôt que de me faire licencier, j’ai pu négocier une rupture conventionnelle intéressante vu mon ancienneté ».
Par ailleurs, il est essentiel d’établir des limites claires. Si le manager exige de vous des tâches ou des heures supplémentaires non rémunérées, apprenez à dire « non » de manière courtoise. De même, ménagez votre vie personnelle en ne répondant pas aux sollicitations en dehors des horaires de travail. Le poids d’un manager toxique peut être allégé en partageant ses préoccupations avec des collègues de confiance. Le simple fait de savoir que vous n’êtes pas seul peut être d’un grand réconfort.
En parallèle, considérez la consultation d’un professionnel qui peut offrir des perspectives et des outils pour gérer le stress. Tom : « Durant mon burn-out, j’ai été suivi par un psychiatre qui m’a remis sur pied et permis d’affronter le retour au bureau sans crainte de la confrontation avec ma N+1 ». Vous pouvez aussi solliciter un rendez-vous avec le médecin du travail qui sera à votre écoute et peut être un atout en votre faveur en cas de conflit hiérarchique.
La présence d’un chef toxique ne doit jamais vous conduire à négliger votre bien-être. Trouvez des activités qui vous aident à évacuer le stress, qu’il s’agisse de médiation, de sport, ou de simples promenades. Enfin, n’oubliez jamais que vous avez des options. Si jamais, malgré tous vos efforts, l’environnement de travail reste nocif, il pourrait être judicieux de considérer un changement de poste ou même de société. Après tout, votre santé et votre épanouissement doivent toujours être prioritaires.
Comment recadrer un manager toxique ?
Recadrer un manager toxique est une tâche délicate. C’est un sujet sensible en raison de la dynamique hiérarchique au sein de l’entreprise. Toutefois, si vous vous trouvez dans une situation où il est essentiel d’aborder le comportement d’un manager toxique, voici quelques étapes à considérer pour le faire de manière constructive et professionnelle.
D’abord, il est essentiel de commencer par une auto-évaluation. Avant même de penser à aborder votre manager, réfléchissez profondément à la situation. Demandez-vous si vos préoccupations sont vraiment liées à des comportements toxiques ou si elles sont le fruit e malentendus ou de perceptions personnelles. Cette introspection vous aidera à aborder la confrontation avec une perspective claire et objective.
Une fois que vous avez une vision claire de la situation, essayez de trouver un moment propice pour discuter avec votre manager. Il est crucial de choisir un moment où vous pourrez parler en toute confidentialité et sans être interrompu. Lors de cette discussion, utilisez des « je », plutôt que des « tu », pour exprimer vos sentiments et vos préoccupations. Par exemple, « Je me sens mal à l’aise lorsque… », plutôt que « vous me faites toujours… ». Cette formulation est moins accusatrice et permet une communication plus ouverte.
Si là encore, malgré vos efforts, la discussion ne débouche pas sur une solution, il faudra solliciter une médiation auprès des ressources humaines ou d’un conseiller externe. Ces professionnels sont formés pour gérer ce genre de situations délicates et peuvent offrir une perspective neutre de résolution du conflit.
En fin de compte, il est crucial de se rappeler que tout le monde mérite un environnement de travail respectueux et sain. Si vous croyez qu’un manager toxique entrave cet idéal, prendre des mesures pour résoudre ce problème est à la fois un acte de courage et de nécessité pour votre bien-être professionnel.