Oser pour mieux évoluer
L’un des principaux défis auxquels sont confrontés les collaborateurs est d’oser. Selon Olivier Herlin, « manager son manager, c’est inverser l’ordre logique de la ligne managériale ». Cette inversion peut sembler provocatrice, mais elle s’avère parfois indispensable. Les dysfonctionnements, souvent involontaires, d’un manager peuvent entraîner des répercussions négatives sur ses équipes. « Il est essentiel d’intervenir pour tenter de faire évoluer certains comportements de leur N+1« , précise-t-il.
Établir une relation de confiance avec son manager tout en gardant une influence ascendante n’est pas antinomique. La confiance repose sur l’authenticité et la sincérité. « Dire les choses peut déranger, mais cela ne nuit pas à la relation de confiance, contrairement aux non-dits qui sont le plus grand poison dans les relations », souligne Olivier Herlin.
Comprendre les attentes non exprimées
Pour mieux saisir les attentes non formulées de son supérieur, il est crucial de créer des moments d’échanges formels. « Si les attentes ne sont pas clairement exprimées, c’est souvent dû à une mauvaise qualité de feedback », indique le coach. Organiser des débriefings peut aider à améliorer la communication et à encourager le manager à s’exprimer davantage.
Exprimer un désaccord, se confronter, ou être en conflit, ce sont trois étapes différentes de tension dans une relation professionnelle. Les deux premières sont naturelles et peuvent être fructueuses. « Il suffit de rester centré sur le problème en affirmant tranquillement ses positions », explique Olivier Herlin. Cela permet souvent d’éviter le conflit personnel, qui est chargé d’affect.
Proposer sans paraître insubordonné
Lorsque le collaborateur souhaite soumettre des idées ou solutions, il est crucial de montrer que ces propositions ne remettent pas en question les choix du manager. « Une suggestion doit être perçue comme un signe de motivation et un pas vers plus d’autonomie », précise monsieur Herlin. Cela démontre un désir d’amélioration, sans nuire à l’autorité du supérieur.
Connaître les préférences de son manager en matière de communication est essentiel pour une collaboration efficace. « Il est important de rassurer le manager sur son importance, sa compétence ou son appréciation », souligne Olivier Herlin. Cette approche aide à apaiser les peurs qui peuvent déclencher des mécanismes de défense.
L’intelligence émotionnelle au service du management
L’intelligence émotionnelle joue un rôle crucial dans la gestion de la relation avec son supérieur. « Un manager est avant tout un être humain, avec ses propres peurs et croyances », déclare le consultant. Manager son manager implique de gérer la relation avec flexibilité, tout en évitant de se sur-adapter.
Pour évaluer si un collaborateur influence positivement son manager, la qualité du feedback est un indicateur majeur. « Les collaborateurs doivent être capables de donner, recevoir et demander du feedback », affirme le coach. Une communication efficace inclut également la capacité à « méta-communiquer », c’est-à-dire à discuter de la manière dont ils communiquent.
Fixer des limites tout en restant proactif
Dire « non » à son manager n’est pas chose facile, mais il est nécessaire d’expliquer que le refus concerne la demande, pas la personne. « Il faut oser le faire sans se justifier », conseille le coach.
Lorsqu’un collaborateur souhaite manager son manager, certaines erreurs sont à éviter. « Il est crucial de ne pas rester passif lorsque quelque chose ne va pas. Les situations ne s’arrangent pas toutes seules », met en garde Olivier Herlin. Éviter les critiques personnelles et s’abstenir de remettre en cause la légitimité du rôle du manager sont des principes fondamentaux pour construire une relation de travail saine.
Le management est une affaire de respect réciproque et de responsabilité partagée. Quand ce lien est rompu, les problèmes surgissent. Mais en restant constant, diplomate, et clair dans vos attentes, vous pouvez non seulement réparer cette relation, mais aussi contribuer à une meilleure dynamique au sein de l’équipe. Car il ne s’agit pas de gagner un combat personnel, mais bien de faire triompher le travail collectif.
Laura TORTOSA