Chez nos voisins suisses, on tend à réduire le télétravail, mais en France il reste encore populaire. Ce système de travail a pourtant transformé notre rapport à l’alimentation et altéré notre santé par le développement de mauvaises habitudes. Décryptage !
En télétravaillant, on diminuerait notre pause déjeuner. C’est du moins ce que révèle une enquête réalisée par l’Institut Danone en collaboration avec le CRÉDOC. Sur les 621 salariés interrogés, 38 % d’entre eux écourtent de vingt minutes leur pause en télétravail contre 18 % lorsqu’ils sont sur site.
Une constatation plutôt alarmante lorsque le Code du travail décrète qu’un salarié doit avoir un minimum de vingt minutes de pause consécutives dès lors qu’il atteint six heures consécutives de travail. Cela voudrait dire que certains salariés de l’enquête ne prendraient pas de pause, s’ils font six heures de travail. Bien sûr, le télétravail permet de s’octroyer plusieurs pauses dans la journée, ce qui pourrait expliquer la diminution du temps de déjeuner.
« La généralisation du télétravail est un bouleversement de l’organisation du travail, particulièrement en France où la pratique était très peu répandue avant la pandémie de Covid-19 », rappelle Marianne Béhaut, directrice du Pôle Data et Économie du CRÉDOC dans un communiqué. Il a fallu s’adapter à un système de travail complètement nouveau et les conséquences sur notre comportement alimentaire en ont pris un coup.
Vers plus de snacking ?
Toujours d’après l’étude (qui a été mené entre mars et mai 2022), le snacking, soit le grignotage pendant le télétravail est passé de 8 % à 22 %. « Le problème du télétravail est qu’on a accès à nos placards et notre frigo en permanence », commence Pascal Nourtier, nutritionniste avant de poursuivre. « Lorsqu’on va au bureau, le schéma est différent : on se lève le matin, on prend un petit déjeuner [ou non] et on se rend au travail. » Il est possible de ramener un ou deux snacks de chez soi, mais on n’aura pas un accès aussi illimité qu’à la maison (selon le stock disponible).
Cette augmentation du snacking peut avoir un effet néfaste sur le long terme. Car à moins qu’il s’agisse de fruits ou d’oléagineux, ce sont plutôt des produits riches en sucre. « En grignotant, nous fatiguons notre corps à cause de la digestion », explique le spécialiste. Ceci va empêcher une bonne régulation de l’insuline et des hormones de l’appétit, ce qui aura un impact sur le moral. L’individu peut même prendre du poids, se rassurer avec la nourriture et tomber dans un cercle vicieux.
L’ennui et la solitude font partie des facteurs qui poussent à un tel comportement. « Notre rapport à la nourriture change, car on s’ennuie plus. On n’a pas l’occasion de communiquer avec ses collègues et on ressent moins la pression du lieu de travail… S’isoler et rester à la maison engendre un laisser-aller », conclut Pascal Nourtier.
L’enquête le confirme puisque « 40 % des répondants consomment des plats moins diversifiés ». L’effort est donc à la baisse. Il faut en prendre conscience pour améliorer ses habitudes alimentaires et sortir d’un cercle vicieux qui peut coûter cher à la santé physique et mentale.
Nicky KABEYA