Selon un sondage Ifop réalisé en septembre 2022, 66 % des salariées françaises se disent favorables à l’introduction du congé menstruel en entreprise, et 64 % d’entre elles pourraient potentiellement en bénéficier. La législation espagnole récemment adoptée vise à offrir aux femmes souffrant de règles douloureuses la possibilité de s’absenter du travail pour cette raison. Nenella Lonkonga, infirmière spécialisée en gynécologie, rappelle « qu’il est important de souligner que ces douleurs peuvent être liées à l’endométriose, une maladie dont la compréhension ne cesse de progresser ».
En février 2022, le ministère des Solidarités et de la Santé a publié la Stratégie nationale de lutte contre l’endométriose, prévoyant « d’améliorer les conditions d’exercice des femmes souffrant d’endométriose en adaptant leur horaire et/ou leur poste de travail ». En ce qui concerne le congé menstruel, bien que la France n’ait pas encore adopté de législation spécifique, certaines entreprises et même une ville ont pris l’initiative de le mettre en place.
Ainsi, le 8 mars, à l’occasion de la Journée internationale des droits de la femme, la municipalité de Saint-Ouen a annoncé son intention d’instaurer un congé menstruel pour les agentes de la ville, qui entrera en vigueur le 27 mars prochain. Il est à noter que, selon le sondage Ifop, 66 % des femmes interrogées considèrent qu’une entreprise offrant un congé menstruel serait plus attractive.
Congé menstruel en France : enjeux, défis et préoccupations
« Nous ne sommes pas réglées comme des pendules et ne savons pas exactement à quelle date nos règles vont arriver », explique Nenella Lonkonga. Elle ajoute que certaines femmes peuvent connaître leur cycle, mais en raison de facteurs tels que le stress ou l’environnement, les menstruations peuvent être déclenchés ou retardées. Il est donc difficile de planifier des jours de congé, ce qui peut avoir un impact sur l’organisation du planning au travail.
Un autre aspect important à considérer est la véracité de la douleur ressentie. « Certaines femmes qui n’ont pas de règles douloureuses peuvent profiter de ce congé », souligne Nenella Lonkonga. En Espagne, c’est le médecin qui accorde le congé menstruel, mais il est pratiquement impossible de mesurer objectivement la douleur.
D’autres préoccupations entourent également ce sujet : ce type de congé pourrait-il entraîner des discriminations à l’embauche pour les femmes ? Ne risque-t-il pas d’accroître la charge de travail des autres collaborateurs et, par conséquent, de provoquer de la frustration ? Autant de questions légitimes à prendre en compte dans le cadre d’un éventuel projet de loi sur le congé menstruel en France.
Il serait intéressant d’évaluer l’impact économique de cette mesure sur les entreprises. Des études pourraient être menées afin de déterminer si les avantages pour les salariées, notamment en termes d’amélioration du bien-être et de la productivité, compensent les coûts potentiels pour les employeurs. Cette analyse permettrait de peser le pour et le contre d’une telle initiative, en prenant en compte les répercussions économiques pour l’ensemble des parties concernées.
Nicky KABEYA