Supprimer deux jours fériés pour relancer l’économie ? Les dirigeants de TPE n’y croient pas. D’après la dernière enquête du SDI, près des trois quarts d’entre eux s’y opposent. Et pas par confort. Leur argument est clair : la mesure pénalise ceux qui travaillent déjà le plus, sans garantir le moindre bénéfice macroéconomique durable.
Pour les très petites entreprises, chaque journée travaillée en plus ne se traduit pas par un chiffre d’affaires supplémentaire, mais par une charge accrue. Contrairement aux grandes structures, elles ne peuvent pas absorber l’augmentation d’heures par une réorganisation interne : le surcroît d’activité repose sur les mêmes personnes, déjà à saturation.
Un coût humain et social immédiat
Les dirigeants de TPE affichent déjà un temps de travail hebdomadaire de 48 heures, souvent au détriment de leur santé et de leur vie personnelle. Leur demander plus revient à accroître les risques de burn-out et à détériorer le climat social dans des structures où le lien de proximité est un atout majeur. Cette usure accélérée ne profite ni à l’entreprise ni à l’économie.
Un risque économique sous-estimé
Au-delà de l’impact humain, la suppression de jours fériés frapperait directement des secteurs clés comme le tourisme, l’hôtellerie-restauration et les loisirs, qui réalisent une part importante de leur chiffre d’affaires sur ces périodes. Pour ces acteurs, perdre deux journées fériées, c’est perdre deux pics d’activité annuelle. L’effet d’aubaine promis par la réforme se transformerait en perte sèche.
En réalité, cette mesure agit comme une taxe supplémentaire sur le travail, prélevée non pas sur les inactifs ou les secteurs protégés, mais sur ceux qui sont déjà en première ligne. Elle envoie un signal paradoxal : pour récompenser l’effort, on le sanctionne.
Réformer autrement
Si l’objectif est d’augmenter la productivité nationale, d’autres leviers existent : simplifier les obligations administratives, réduire les charges pesant sur les petites structures, favoriser l’investissement productif. Des solutions qui ne passent pas par l’allongement forcé du temps de travail, mais par une meilleure utilisation de celui qui existe déjà.
En d’autres termes, la suppression de jours fériés ne réglerait ni le problème de compétitivité ni celui des finances publiques. Elle creuserait au contraire la fracture entre décideurs politiques et réalité des petites entreprises. Pour soutenir la croissance, mieux vaut libérer les TPE de leurs entraves que de rogner encore sur leur temps de répit.