Depuis de nombreuses années, on le constate autant dans les chiffres que dans les échanges que nous avons, à la rédaction, avec des professionnels, assistantes et office managers sont de plus en plus nombreux à quitter le salariat pour voler de leurs propres ailes.
Flexibilité, autonomie, diversité des missions… les arguments séduisent. Entre 2009 et 2024, le nombre de freelances en général a fortement crû en France : plus 92 % selon le site Les Makers.
Un besoin croissant d’externalisation
Certes, l’indépendance s’accompagne d’une réelle instabilité financière (un mois à 5 000 €, le suivant à 1 200 €…), ne comptez pas sur des revenus stables. Mais aussi d’une certaine solitude. Et nécessite des compétences élargies par rapport au cœur du métier, avec par exemple la nécessité impérieuse de se vendre.
Il n’empêche que, si tant d’assistantes franchissent le cap c’est que tout le monde y trouve son compte, les entreprises avec de la souplesse, les indépendants avec plus de liberté.
La demande émerge clairement : les entreprises externalisent de plus en plus leurs services, surtout parmi les PME et TPE, préférant dans de nombreux cas recourir à des freelances plutôt qu’à des CDI. « Et la COVID a tout accéléré », explique Djamila Lama, fondatrice de la société de formation de coaching L’Forme. « Quand une entreprise embauchait cinq assistantes commerciales, aujourd’hui elle n’en garde qu’une et délègue le reste à des freelances ».
Les conditions d’exercice ont aussi changé. La digitalisation permet de travailler de n’importe où, sans avoir besoin d’être physiquement présent en entreprise pour gérer l’administratif. Des outils en ligne comme Notion, ClickUp ou Zapier facilitent l’organisation à distance.
Et l’évolution des missions est marquante. Les assistantes ne se contentent plus de tâches purement exécutantes, mais se positionnent en véritables expertes, intervenant dans des domaines variés comme la gestion de projet, les ressources humaines ou encore la finance.
Avec cette casquette multitâche, une assistante freelance n’est donc plus juste une assistante. Elle est aussi comptable, commerciale, communicante… Comment s’y prendre pour se lancer ?
Quel statut ?
- La microentreprise ou le statut d’autoentrepreneur sont conseillés pour tester son activité, avec une gestion allégée, une immatriculation rapide et sans capital de départ. Les charges sociales, calculées sur le chiffre d’affaires, facilitent la prévisibilité financière. Mais attention au plafond à ne pas dépasser (77 700 euros de chiffre d’affaires) au prix un changement de statut avec des impacts fiscaux et administratifs.
- La SASU conviendra aux freelances cherchant une structure plus professionnelle, avec pourquoi pas des embauches. Elle permet une gestion optimisée des revenus et attire les entreprises préférant travailler avec une société. En revanche, les charges sont bien plus lourdes qu’en microentreprise et la comptabilité plus exigeante. Un choix pertinent pour un projet de long terme.
- L’EURL, compromis entre protection et simplicité, sécurise l’activité en séparant patrimoine personnel et professionnel, sans imposer de plafond de chiffre d’affaires. La rémunération est optimisable, mais la gestion plus stricte et les cotisations sociales plus élevées qu’en microentreprise. Un bon équilibre entre souplesse et protection.
Enfin le portage salarial est une solution vraiment sécurisée, et très adaptée aux assistantes. Le portage offre simplicité et protection sociale : une société de portage gère la facturation et verse un salaire, incluant cotisations et assurance chômage. En contrepartie, des frais de 10 à 15 % du chiffre d’affaires s’appliquent. Ce modèle est particulièrement adapté aux assistantes et office managers souhaitant travailler en freelance sans gérer l’administratif.
Pour résumer, l’idée est de tester avec la microentreprise pour évoluer vers un statut plus robuste une fois l’activité stable.
Comment sortir du lot ?
Se lancer, c’est bien, durer c’est mieux. Dans un marché qui devient de fait concurrentiel, impossible de rester dans l’ombre ! Se spécialiser permet de se concentrer sur un domaine précis, offrant ainsi une plus grande crédibilité, une valeur ajoutée et, par conséquent, davantage de clients.
La maîtrise des outils digitaux est également un atout majeur. Se former aux CRM, à l’automatisation, à la gestion de projet, etc., permet de se différencier. Il est également crucial de se positionner non pas comme une simple « exécutante », mais comme une consultante, en mettant en avant une expertise plutôt que de vendre juste des heures.
Autre point important : la visibilité. Un beau compte LinkedIn, un site professionnel, des témoignages clients… Comme le rappelle Djamila Lama, « créer un site internet, apprendre le digital, développer de nouvelles compétences… Tout cela est indispensable. Être freelance, c’est être livré à soi-même : il faut faire sa propre promotion, prouver son existence et sa crédibilité. » Enfin, le réseau et le bouche-à-oreille restent des leviers puissants : un bon contact vaut souvent plus que mille candidatures.
On le voit, le freelancing est bien plus qu’un simple statut professionnel : c’est une façon de reprendre le contrôle sur sa carrière, de construire une activité sur-mesure et d’oser réinventer son quotidien.
Alors, oui, vous pouvez vous lancer. Mais avec, et surtout, une bonne réflexion en amont sur les motivations et les objectifs. « Car il faut avant tout apprendre à gérer les fluctuations de revenus : certains mois seront très bons, d’autres plus précaires. Il faut savoir équilibrer et anticiper » prévient Djamila Lama.
Henry Chahine
Ressources
Données sur le freelancing : https://lesmakers.fr/statistique-freelance/
Livres :
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Sites web et plateformes :
Article Freelance : mode d’emploi
Malt et Crème de la Crème pour trouver des clients
OpenClassrooms et LinkedIn Learning pour des formations continues