L’effet Pygmalion, ce concept fascinant et souvent discuté dans les sphères de la psychologie, de l’éducation et du management, mérite une attention particulière. Il tire son nom d’un mythe grec, où le sculpteur Pygmalion tombe amoureux de sa création, une statue si parfaite qu’elle finit par prendre vie. Dans notre réalité, l’effet Pygmalion décrit comment nos attentes à l’égard des autres peuvent influencer leur performance.
Samantha Pagés
Fondatrice de You Talent (cabinet de recrutement) et Comet (coaching carrière)
Ce phénomène se manifeste dans divers domaines. Dans l’univers de l’éducation, par exemple, si un enseignant croit en la capacité de réussite d’un élève, cette conviction peut se traduire par des interactions plus positives, encourager l’élève et, finalement, améliorer ses résultats. De même, dans le milieu professionnel, les attentes d’un manager peuvent façonner la performance de ses employés.
Mais l’effet Pygmalion ne se limite pas aux salles de classe ou aux bureaux. Il se reflète dans nos relations personnelles, nos interactions sociales et même dans la manière dont nous nous percevons. La croyance en la capacité de réussir ou d’échouer peut devenir une prophétie auto-réalisatrice, influençant inconsciemment nos actions et nos décisions.
Ce concept soulève des questions importantes sur l’impact de nos attentes et de nos perceptions. Comment nos croyances influencent-elles les autres ? Dans quelle mesure pouvons-nous contribuer à leur succès ou à leur échec ? L’effet Pygmalion nous incite à réfléchir sur le pouvoir de nos paroles et de nos pensées, pas seulement sur les autres, mais aussi sur nous-mêmes.
Encourager les autres, croire aux capacités, peut déclencher une chaîne de succès et de confiance en soi. L’effet Pygmalion nous rappelle que parfois, croire en quelqu’un est le premier pas vers sa réussite.
L’effet Pygmalion au bureau
L’effet Pygmalion trouve aussi son application dans le milieu professionnel. Selon les chercheurs, quatre éléments clés sont propices pour créer et optimiser l’effet Pygmalion au sein d’une organisation :
- Climat : fournir un environnement positif où les collaborateurs se sentent soutenus et encouragés est essentiel. Organiser des activités d’équipe régulières, reconnaître les réalisations individuelles et collectives, et promouvoir une culture de collaboration contribuent à instaurer un climat propice à l’épanouissement professionnel.
- Intrant : les ressources telles que la formation, les encouragements et d’autres outils constituent l’intrant nécessaire. Offrir des opportunités de formation continue, mettre à disposition des outils technologiques performants, et encourager la participation à des projets stimulants contribuent à créer des conditions favorables.
- Extrant : la meilleure performance renforce les attentes positives, créant ainsi une prophétie auto-réalisatrice. Par exemple, confier des responsabilités plus importantes à un employé qui excelle dans un projet, en reconnaissant et valorisant ses compétences accrues, amplifie l’effet Pygmalion.
- Commentaires : les commentaires positifs jouent un rôle crucial en encourageant l’amélioration des performances. Fournir des retours constructifs et spécifiques lors des évaluations, souligner les points forts et offrir des perspectives d’amélioration s’avèrent être des stratégies gagnantes pour maximiser l’impact de l’effet Pygmalion.
Il est important de noter que l’effet Pygmalion peut devenir un formidable levier en 2024, notamment dans un contexte où la fidélisation des employés est vitale pour les entreprises. Selon SHRM/sparkbay, plus de 47 % des responsables RH déclare que garder leurs salariés est le principal challenge du management des talents, suivi par le recrutement. En valorisant et en développant le potentiel de chaque collaborateur, les organisations renforcent non seulement leur performance globale et créent un environnement propice à fidéliser leurs talents
De Pygmalion à Golem
Cependant, derrière la lumière de Pygmalion, se profile l’ombre de Golem. Si l’effet Pygmalion peut propulser vers le succès grâce à des attentes positives, l’effet Golem se manifeste lorsque des attentes négatives entraînent une prophétie auto-réalisatrice de sous-performance.
Dans le contexte professionnel, l’effet Golem peut surgir si un manager fait preuve d’iniquité ou de favoritisme. Les attentes négatives du manager créent alors une dynamique où les collaborateurs sont prédisposés à échouer. Cela peut entraîner une baisse de motivation, une perte de confiance et, finalement, une réalité alignée sur ces attentes initiales.
Pour éviter l’effet Golem et promouvoir un environnement de travail sain, il est essentiel de valoriser chaque salarié et l’équipe dans son ensemble. La délégation, l’autonomie et une évaluation objective contribuent à contrer les effets néfastes de l’effet Golem. Un regard critique sur les relations et une remise en question régulière permettent de prévenir l’instauration de préjugés injustes.
Si l’effet Pygmalion souligne le pouvoir positif des attentes, il met en garde contre les conséquences destructrices de l’effet Golem. En encourageant et en croyant aux capacités de chacun et en adoptant une approche équilibrée, l’environnement professionnel peut véritablement devenir le catalyseur d’une réussite collective.
Samantha Pagés, fondatrice de You Talent (cabinet de recrutement) et Comet (coaching carrière)