Les limites du management bienveillant
Le management bienveillant, bien qu’il soit largement plébiscité, n’est pas exempt de défauts lorsqu’il est poussé à l’extrême. Plusieurs écueils peuvent se présenter :
Manque de sincérité et paternalisme : un excès de bienveillance peut parfois mener à des comportements contre-productifs. Certains managers, dans leur volonté d’être bienveillants, peuvent tomber dans le piège du mensonge pour éviter la confrontation ou s’immiscer de manière inappropriée dans la vie privée des salariés. Cette attitude peut rapidement être perçue comme du paternalisme, infantilisant les collaborateurs au lieu de les responsabiliser.
Laxisme et naïveté : la bienveillance mal comprise peut conduire à un certain laxisme. Des managers peu formés à cette approche risquent de devenir trop permissifs, perdant ainsi de vue les objectifs de l’entreprise. Cette naïveté peut ouvrir la porte à des manipulations de la part de certains employés.
Épuisement professionnel : paradoxalement, une quête incessante du bonheur au travail peut mener à l’épuisement professionnel. Des collaborateurs trop engagés, encouragés par un environnement excessivement bienveillant, peuvent perdre leurs repères et s’investir au-delà du raisonnable.
Trouver un équilibre entre exigence et bienveillance
Face à ces constats, il apparaît crucial de trouver un juste milieu entre bienveillance et exigence. Cette recherche d’équilibre est essentielle pour créer un environnement de travail sain et productif.
La bienveillance comme fondement de l’exigence : la bienveillance ne doit pas être synonyme d’absence de standards. Au contraire, elle peut et doit coexister avec l’exigence. Un manager bienveillant crée un espace sécurisant où les erreurs sont perçues comme des opportunités d’apprentissage, tout en maintenant des attentes élevées envers ses collaborateurs.
L’exigence comme levier de croissance : l’exigence, lorsqu’elle est encadrée par la bienveillance, devient un puissant moteur de développement personnel et professionnel. Elle pousse les individus à sortir de leur zone de confort et à atteindre leur plein potentiel. Pour être efficace, cette exigence doit être réaliste, clairement communiquée et adaptée aux capacités de chacun.
La responsabilisation des collaborateurs : un management équilibré implique de responsabiliser les employés. Plutôt que de résoudre les problèmes à leur place, les managers efficaces pratiquent « l’effet boomerang bienveillant ». Cette approche consiste à renvoyer la balle au collaborateur, l’encourageant à trouver des solutions par lui-même, tout en lui apportant le soutien nécessaire.
L’art du management par l’équilibre
Associer exigence et bienveillance dans le management des équipes est un véritable défi. Il s’agit de deux dynamiques différentes, mais pas nécessairement opposées. Un bon manager doit faire preuve de caractère pour maintenir cette dualité, car il est souvent plus facile d’agir avec malveillance ou laxisme. Pour réussir ce management par l’équilibre, il est essentiel de :
- Fixer des objectifs ambitieux, mais atteignables
- Être à l’écoute tout en maintenant une distance professionnelle
- Encourager l’autonomie sans abandonner le soutien
- Reconnaître les efforts et les réussites sans tomber dans la complaisance
L’art du management réside dans la capacité à allier bienveillance et exigence, créant ainsi un environnement propice à l’épanouissement des collaborateurs et à la performance de l’entreprise. C’est dans cet équilibre subtil que se trouve la clé d’un leadership efficace et durable.
Laura TORTOSA