L’ampleur du phénomène
Selon les recherches de Gallup, près de 60 % des employés dans le monde peuvent être considérés comme des « quiet quitters », ce qui se traduit par une perte annuelle estimée à 8,8 billions de dollars pour l’économie mondiale.
Ce désengagement massif trouve ses racines dans divers facteurs, notamment le stress lié aux incertitudes économiques, la polarisation politique, l’anxiété climatique et les séquelles de la pandémie. Près de 70 % de la main-d’œuvre mondiale rapporte un sentiment d’épuisement professionnel, rendant difficile le maintien de l’engagement au travail.
Les causes du désengagement
Frontières floues entre vie professionnelle et personnelle : l’essor du travail à distance et des modèles hybrides a contribué à brouiller les limites entre la vie professionnelle et personnelle, laissant de nombreux employés dans un état d’épuisement constant. Cette situation est exacerbée par un environnement de travail numérique qui rend les employés constamment accessibles, limitant leur capacité à se déconnecter véritablement.
Manque de reconnaissance et de perspectives : un facteur clé du « quiet quitting » est le sentiment que les efforts et la loyauté ne sont pas reconnus à leur juste valeur. L’absence de reconnaissance, le manque d’opportunités de développement de carrière et des incitations inadéquates contribuent significativement au désengagement. De plus, 7 employés français sur 10 considèrent leur salaire comme insuffisant face à l’augmentation du coût de la vie.
Perte de sens et préoccupations environnementales : dans un contexte de crise environnementale et climatique, 57 % des employés expriment le désir de contribuer aux défis de la transition écologique et sociale. Cette quête de sens dans le travail, souvent insatisfaite, alimente le phénomène de désengagement.
Les risques pour les entreprises
Baisse de la productivité et de l’innovation : les employés désengagés sont moins créatifs, moins proactifs et ultimement moins efficaces. Une étude de Gallup montre que les employés engagés sont 18 % plus productifs et 23 % plus rentables que leurs collègues désengagés.
Effet de contagion : le désengagement d’un employé peut rapidement se propager à ses collègues, créant un effet domino négatif sur l’ensemble de l’équipe.
Détérioration de la marque employeur : l’expérience négative des employés peut nuire à l’image de l’entreprise, affectant sa capacité à attirer et retenir les talents.
Des solutions pour remobiliser les talents
Face à ces défis, les entreprises et les leaders doivent adopter des stratégies proactives pour réengager leurs employés :
- Flexibilité et autonomie : les recherches montrent que les travailleurs hybrides sont 40 % moins susceptibles de « quiet quitter ». Offrir plus de flexibilité dans les horaires et les lieux de travail peut significativement améliorer l’engagement et la satisfaction des employés.
- Rétablir le dialogue et la reconnaissance : il est crucial de réinstaurer un dialogue ouvert avec les employés, de reconnaître leurs efforts et de les impliquer dans les décisions. Les managers doivent adopter des pratiques de gestion de qualité, en évitant le micro-management et en encourageant l’initiative.
- Investir dans le bien-être et l’équilibre vie professionnelle-personnelle : les entreprises doivent mettre en place des politiques qui favorisent le bien-être des employés, comme l’interdiction des mails en dehors des heures de bureau ou l’introduction de la semaine de quatre jours.
- Redonner du sens au travail : les leaders doivent réitérer et mettre l’accent sur la mission et les valeurs de l’organisation, aidant les employés à comprendre comment leur rôle contribue à un objectif plus large.
- Développement professionnel et reconnaissance : mettre en place des systèmes de reconnaissance des employés, prioriser la croissance professionnelle et assurer une politique de communication ouverte peuvent grandement améliorer l’engagement.
Les organisations qui réussiront à transformer cette crise en opportunité seront celles qui placeront le bien-être et l’engagement de leurs employés au cœur de leur stratégie. En fin de compte, le « quiet quitting » pourrait bien être le catalyseur d’une révolution positive dans la façon dont nous concevons et vivons le travail au 21e siècle.
Laura TORTOSA