La richesse des différences… et des incompréhensions
Travailler côte à côte avec un manager senior attaché à la rigueur hiérarchique et un jeune arrivant adepte du travail collaboratif et de la communication instantanée, voilà le quotidien de nombreuses équipes. Selon une récente enquête IFOP, 50 % des Français estiment que les liens entre générations se sont affaiblis ces vingt dernières années, mais paradoxalement, 35 % s’estiment personnellement plus proches des membres d’autres générations qu’avant, un chiffre qui grimpe à 46 % chez les 18-24 ans.
Chacun apporte son énergie, sa vision et ses réflexes, mais les codes ne sont pas toujours partagés. Là où les plus anciens valorisent la loyauté et l’expérience, les nouvelles générations mettent sur la flexibilité et le sens. 83 % des jeunes actifs de la Génération Z considèrent que leur poste correspond à leurs attentes, et ils sont 43 % à qualifier leur travail de plaisir contre 34 % dans l’ensemble de la population active.
Ces différences, loin d’être un frein, constituent une matière précieuse pour l’intelligence collective. À condition de savoir en interpréter les signaux faibles, de traduire les valeurs et besoins de chaque génération, et d’installer des espaces d’écoute mutuelle. C’est précisément là que l’assistant entre en scène.
L’assistant, chef d’orchestre silencieux
Parce qu’il côtoie tous les échelons de l’entreprise, l’assistant développe une vision panoramique des relations humaines. Il observe, écoute et décèle les ajustements nécessaires au bon fonctionnement du collectif. Lorsqu’un jeune cadre peine à comprendre les priorités d’un manager chevronné, c’est souvent l’assistant qui reformule, remet en perspective et propose une voie médiane.
Doté d’une intelligence émotionnelle fine, il repère les décalages générationnels, transforme les tensions en occasions de dialogue et instaure une communication fluide. Ce rôle d’interprète interculturel, ou plutôt intergénérationnel, devient un facteur clé d’agilité organisationnelle.
Pour les RH : une fonction à accompagner
Pour les ressources humaines, reconnaissez que cette position pivot ouvre un champ d’action stratégique. Miser sur la formation des assistants au management transversal, à la gestion des émotions et à la médiation relationnelle, c’est investir dans la qualité du climat social.
Près de 52 % des jeunes actifs seraient prêts à changer de poste pour un emploi plus agréable, mais moins rémunéré, signe d’un rapport plus souple à la carrière et d’une attente d’épanouissement. Par ailleurs, l’ambiance de travail se place au même niveau que la rémunération comme critère de choix d’un emploi (42 % contre 43 %).
Pour les dirigeants : un levier de fidélisation
Les dirigeants, confrontés à la disponibilité des jeunes talents et à la perte d’expertise liée aux départs à la retraite, ont intérêt à capitaliser sur le lien intergénérationnel. Les assistants peuvent y contribuer en favorisant la transmission des connaissances, en facilitant les échanges entre mentors et collaborateurs débutants, ou en organisant des rituels d’équipe valorisant chacun.
Dans l’enquête IFOP, 79 % des jeunes estiment que leur formation les a bien préparés au poste qu’ils occupent, gage d’une bonne insertion professionnelle. Donner à l’assistant un rôle actif dans la communication interne, dans la coordination des projets ou dans la création de binômes intergénérationnels, c’est renforcer la résilience culturelle de l’entreprise.
Sensibilité et intelligence collective : un tandem puissant
Le management intergénérationnel n’est plus un défi ponctuel, mais une norme durable. Il repose avant tout sur une sensibilité fine aux équilibres humains. L’intelligence collective n’émerge pas d’un simple cumul de compétences, mais de la capacité à relier les expériences, à harmoniser les langages et à créer de la confiance.
Dans cet art subtil du lien, les assistants incarnent une ressource humaine d’avenir : celle qui transforme la cohabitation des âges en coopération durable.
Laura TORTOSA









