Carine SZYLAR
Executive Assistant Office Manager
Au travers de ce témoignage très complet, découvrez comment tirer le meilleur parti des avantages et des perspectives de carrière que le Luxembourg propose aux frontaliers.
Quelles sont les spécificités liées au statut de frontalier dans les entreprises au Luxembourg ?
Il n’y a pas de spécificités particulières pour les frontaliers travaillant au Luxembourg. Ils sont soumis aux mêmes règles que les salariés luxembourgeois. L’inconvénient majeur pour un frontalier est le temps de trajet quotidien, souvent long, avec une moyenne de 2 h 30 à 3 h par jour, que ce soit en voiture ou en train. Les retards et aléas des transports sont aussi à prendre en compte.
L’avantage principal reste le salaire, parmi les plus élevés d’Europe. Les services administratifs luxembourgeois sont également réputés pour leur rigueur et leur rapidité.
Quelles sont les spécificités liées à la rémunération, au temps de travail et à la retraite pour les frontaliers ?
Au Luxembourg, le salaire social minimum (SSM) est un droit garanti à tous les salariés, y compris les frontaliers. Le SSM varie en fonction du niveau de qualification. Pour un travailleur non qualifié âgé de 18 ans et plus, il est de 2 570,93 € brut par mois. Pour un travailleur qualifié, c’est-à-dire ayant suivi une formation sanctionnée par un diplôme officiel, le SSM atteint 3 085,11 € brut mensuel.
La rémunération au Luxembourg est indexée sur le coût de la vie. Lorsqu’une inflation de 2,5 % est enregistrée par rapport à la dernière indexation, les salaires, traitements des fonctionnaires, pensions, ainsi que le SSM, augmentent automatiquement de 2,5 %. Cette indexation est un avantage pour les salariés, mais elle peut représenter un coût important pour les entreprises. Depuis octobre 2021, il y a eu quatre tranches d’indexation.
La durée légale de travail est de 8 heures par jour, soit 40 heures par semaine, correspondant à 173 heures par mois. Certaines conventions collectives peuvent modifier ces durées. Le congé annuel légal est fixé à un minimum de 26 jours par an, indépendamment de l’âge du salarié. Cependant, dans certains secteurs, des conventions collectives accordent des jours de congé supplémentaires.
Par exemple : Les employés de banque bénéficient de 8,5 jours de repos supplémentaires par an, en plus des 26 jours légaux. Ce nombre augmente avec l’âge :
- 26 jours jusqu’à 45 ans,
- 27 jours entre 45 et 49 ans,
- 28,5 jours entre 50 et 54 ans,
- 29,5 jours à partir de 55 ans.
- Les travailleurs du secteur médical ont droit à 10 jours de repos supplémentaires.
- Dans le secteur des assurances, les employés bénéficient de 9,5 jours supplémentaires, avec 2 jours de congés supplémentaires dès 50 ans et 1 jour de plus après 55 ans.
Concernant la retraite, l’âge légal est fixé à 65 ans. Cependant, il est possible de partir à la retraite dès 57 ans en optant pour une pension de vieillesse anticipée. Pour y avoir droit, il faut avoir cotisé pendant au moins 40 ans (soit 480 mois) au Luxembourg. Cette flexibilité permet aux salariés, y compris les frontaliers, de choisir une retraite plus précoce s’ils remplissent les conditions nécessaires.
Quels sont les avantages d’intégration et d’inclusion ?
Le Luxembourg est un véritable melting-pot cosmopolite où les cultures se mélangent, une force majeure pour les entreprises du pays. Ce contexte multiculturel facilite l’intégration des frontaliers.
Onboarding : La plupart des entreprises luxembourgeoises organisent des sessions d’onboarding mensuelles, réunissant tous les nouveaux recrutés du mois en cours ou précédent. Ces sessions permettent aux nouveaux employés, y compris les frontaliers, de se familiariser rapidement avec leur environnement de travail et de rencontrer d’autres collègues.
Networking et inclusion : La diversité culturelle du Luxembourg est largement valorisée. Certaines entreprises mettent en place des programmes et ateliers internes dédiés à l’inclusion et à la réflexion sur des sujets sociaux. Ces initiatives encouragent les collaborateurs de toutes nationalités à participer activement à la vie de l’entreprise.
Langues : Le Luxembourg utilise trois langues administratives : le luxembourgeois, le français et l’allemand. Dans un contexte professionnel, l’anglais est souvent la langue officielle. D’autres langues comme le portugais, l’italien, ainsi que des langues slaves ou nordiques sont également couramment parlées, reflétant les importantes communautés expatriées. Ce multilinguisme facilite l’intégration des travailleurs frontaliers, qui peuvent s’exprimer et interagir dans la langue qui leur est la plus familière.
Quels sont les horaires de travail et comment les entreprises luxembourgeoises gèrent-elles les retards dus aux conditions de circulation ?
Au Luxembourg, la durée normale de travail est de 8 heures par jour et 40 heures par semaine, soit 173 heures par mois. Certaines conventions collectives permettent une certaine flexibilité des horaires pour s’adapter aux besoins des salariés.
De nombreuses moyennes et grandes entreprises pratiquent l’horaire mobile. Ce système prévoit des plages fixes de travail, de 9 h à 11 h 30 et de 14 h à 16 h, durant lesquelles la présence est obligatoire. Les plages mobiles, situées de 7 h 30 à 9 h, de 11 h 30 à 14 h et de 16 h à 19 h, offrent plus de flexibilité aux employés. Cela permet aux travailleurs, y compris les frontaliers, de mieux gérer les retards dus aux conditions de circulation.
Par ailleurs, nombre d’assistantes au Luxembourg optent pour un temps partiel, souvent à 80 % (32 heures réparties sur 4 jours) ou à 90 % à la carte, ce qui offre encore plus de flexibilité pour concilier vie professionnelle et contraintes de transport.
Enfin, le télétravail est aussi largement adopté dans de nombreuses entreprises, offrant une solution efficace pour éviter les retards liés aux trajets quotidiens.
Quelle est la politique de l’entreprise concernant le télétravail, surtout pour les employés frontaliers ?
Depuis le 1er janvier 2023, les accords bilatéraux entre le Luxembourg, la France et la Belgique permettent aux employés frontaliers de bénéficier de 34 jours de télétravail par an. Ce nombre de jours est calculé sur une année complète et à temps plein, soit 40 heures par semaine, du 1er janvier au 31 décembre.
Pour les contrats à temps partiel ou les périodes de travail incomplètes sur l’année, le seuil de 34 jours (pour les résidents français) ou 19 jours (pour les résidents belges) doit être proratisé en fonction de la situation spécifique de l’employé.
Depuis le 1er juillet 2023, grâce à un accord-cadre signé le 5 juin 2023, tout travailleur non-résident salarié au Luxembourg peut exercer ses activités, y compris le télétravail, dans son pays de résidence tout en restant soumis à la législation sociale luxembourgeoise.
Il est important de noter que pour les frontaliers résidant en France, toute heure ou fraction de journée commencée en télétravail est comptabilisée comme une journée entière. Cela nécessite une gestion attentive pour ne pas dépasser le seuil des 34 jours annuels. Ce cadre offre une certaine flexibilité aux employés frontaliers tout en maintenant une conformité aux règles fiscales et sociales en vigueur.
Quels sont les avantages sociaux offerts aux employés frontaliers ?
Les employés frontaliers au Luxembourg bénéficient des mêmes prestations sociales que les résidents luxembourgeois. Cela inclut une couverture complète de la protection sociale luxembourgeoise, avec des prestations de santé identiques : remboursement des médicaments, soins dentaires, aides visuelles, préventions, soins paramédicaux, consultations chez le médecin généraliste et spécialiste.
Allocations familiales : Les frontaliers ont droit à diverses allocations familiales, qui sont indexées au coût de la vie. Le montant de base mensuel pour chaque enfant est de 299,86 €. Ce montant est majoré selon l’âge de l’enfant :
- 6 à 11 ans : 322,53 € (299,86 € + 22,67 €).
- 12 ans et plus : 356,43 € (299,86 € + 56,57 €).
Autres allocations : Les frontaliers peuvent aussi prétendre à d’autres prestations sociales :
- Majoration d’âge pour les enfants
- Allocation de rentrée scolaire
- Allocation spéciale supplémentaire
- Allocations prénatales et de naissance : réservées aux mères travailleuses frontalières, avec l’allocation postnatale accessible aux deux parents.
Transport : Bien que ce soit moins formalisé, certaines entreprises luxembourgeoises offrent également des aides au transport pour les frontaliers, sous forme de subventions ou de remboursements partiels des frais de déplacement, afin de compenser les coûts élevés et le temps passé sur les trajets quotidiens.
Ces avantages sociaux permettent aux employés frontaliers de bénéficier d’une protection sociale complète et de prestations financières importantes pour le soutien de leur famille.
Quels types de transports en commun sont disponibles pour se rendre à l’entreprise depuis la frontière ?
Le Luxembourg est le seul pays européen à offrir la gratuité des transports en commun, en vigueur depuis le 29 février 2020. Cette gratuité s’applique à tous, résidents comme touristes, pour les trains, trams, et bus (RGTR, TICE, et AVL). Les voyageurs n’ont donc pas besoin de tickets ou d’abonnements pour utiliser ces services, sauf pour les trajets en 1re classe dans les trains, qui restent payants.
Pour les frontaliers français, ils doivent payer un abonnement SNCF pour le trajet de leur point de départ en France jusqu’à la frontière luxembourgeoise. Une fois la frontière passée, ils peuvent profiter gratuitement des trains luxembourgeois, trams, et bus pour se rendre à leur entreprise.
Cette politique de gratuité facilite grandement l’accès au Luxembourg pour les frontaliers, réduisant les coûts de transport et offrant une solution pratique pour les déplacements quotidiens.
Comment l’entreprise soutient-elle le développement professionnel des employés frontaliers ?
Au Luxembourg, il n’existe pas de compte personnel de formation comme en France. Cependant, les ressources humaines peuvent accompagner les employés dans leur développement professionnel, à condition que la formation choisie corresponde aux besoins ou à l’évolution du poste occupé. Dans le cas contraire, l’initiative relèvera davantage de l’auto-formation.
Les métiers du secrétariat, actuellement en pénurie au Luxembourg, offrent de nombreuses opportunités d’emploi variées. Pour progresser dans ces carrières, la maîtrise parfaite de l’anglais est cruciale. De plus, pour certains postes spécifiques, notamment dans les ministères, dans les hôpitaux ou à la CFL (Chemins de fer luxembourgeois), la maîtrise des trois langues administratives (luxembourgeois, français, allemand) est requise. Par exemple, la CFL propose aux nouveaux employés des cours de luxembourgeois durant la première année d’embauche, avec l’obligation d’obtenir un niveau A2 à l’issue de cette période.
Les employés peuvent également se former en ligne via des plateformes comme Lifelong Learning, ou suivre des cours à l’Université du Luxembourg et au Centre National de Formation Professionnelle Continue (CNPFC). Ces options permettent aux frontaliers d’acquérir de nouvelles compétences et de se préparer aux évolutions professionnelles au sein de leur entreprise luxembourgeoise.
Quelles sont les attentes en matière de disponibilité pour les réunions ou événements en dehors des heures de travail standard ?
Depuis la pandémie de Covid-19, les entreprises au Luxembourg ont modernisé leurs infrastructures, équipant les salles de réunion avec de larges écrans muraux pour faciliter la participation des télétravailleurs via Teams. La réservation des salles de réunion est devenue simple et pratique grâce à l’intégration avec Outlook.
Les réunions en dehors des heures de travail standard ne sont pas systématiques, mais une certaine flexibilité peut être attendue, notamment pour des équipes réparties sur différents fuseaux horaires ou pour des projets urgents. Les employés, y compris les frontaliers, peuvent généralement participer à distance, ce qui réduit l’impact sur leur emploi du temps.
Plusieurs grandes entreprises luxembourgeoises organisent des événements sociaux en dehors des heures de travail, comme des afterworks, surtout pendant la période estivale. De plus, les sections sportives permettent aux employés de se retrouver pour des activités après le travail ou pendant la pause déjeuner. Les traditions comme la journée internationale du pull de Noël ou le Secret Santa sont de plus en plus populaires, créant des occasions de renforcer la cohésion d’équipe.
La participation à ces événements n’est généralement pas obligatoire, mais elle est souvent encouragée pour favoriser l’intégration et les relations entre collègues.
Quelles sont les perspectives d’évolution au sein de l’entreprise pour un poste d’assistante ?
Pour une assistante au Luxembourg, les perspectives d’évolution peuvent varier en fonction du secteur et de la taille de l’entreprise.
Dans les grandes entreprises comme les Big Four ou les grands cabinets d’avocats, une assistante peut évoluer vers un poste de Team Manager. Ce rôle implique la gestion d’une équipe de secrétariat et couvre divers domaines tels que le juridique ou la compliance. Cette fonction permet de gagner en responsabilité et en efficience. Au-delà de ce poste, les opportunités peuvent être limitées, avec peu de perspectives de formation en dehors des cours de langues ou des mises à jour des logiciels bureautiques comme MS Office.
Dans le secteur bancaire, les perspectives sont plus restreintes. Les banques luxembourgeoises sont soumises à des formations réglementaires obligatoires par la CSSF (Comité de Surveillance du Secteur Financier), notamment en matière de lutte contre le blanchiment d’argent et le financement du terrorisme. Ces obligations entraînent des coûts importants et une priorité donnée aux managers, project managers, et ingénieurs informatiques. Par conséquent, les opportunités d’évolution pour les assistantes y sont limitées, les possibilités de progression étant davantage concentrées sur les postes liés à la conformité et à la technologie.