Une relation à haute intensité de confiance
Dans de nombreuses entreprises, l’assistant(e) de direction reste le point névralgique entre stratégie et opérationnel. Et pour cause : il ou elle gère les priorités, filtre les informations, organise les agendas, et, surtout, perçoit les humeurs avant même qu’elles ne s’expriment. Cette intuition, forgée par l’observation, permet souvent de désamorcer un conflit ou d’anticiper un besoin, bien avant que le dirigeant lui-même en prenne conscience.
Mais encore faut-il que la confiance circule dans les deux sens. Certains dirigeants peinent à déléguer, prisonniers d’une culture du contrôle ou d’un perfectionnisme paralysant. D’autres, au contraire, s’appuient sur leur bras droit comme sur un prolongement d’eux-mêmes, conscients que leur efficacité passe par cette délégation assumée. La qualité de la relation dépasse alors la simple efficacité : elle devient une forme de partenariat professionnel fondée sur la complémentarité.
Quand les styles de management se rencontrent… ou se confrontent
Chaque binôme dirigeants-assistant(e)s vit un équilibre parfois fragile entre proximité et hiérarchie. Les styles de management jouent ici un rôle déterminant. Le chef direct, peu enclin au partage, aura tendance à donner des ordres clairs, mais peu d’autonomie. L’assistant(e), dans ce contexte, se transforme en exécutant, perdant la capacité d’initiative qui pourrait pourtant démultiplier son impact.
À l’opposé, le dirigeant collaboratif ouvre le jeu : il fait confiance, écoute, s’appuie sur l’assistant(e) comme sur un véritable partenaire de réflexion. Ce modèle, plébiscité par les nouvelles générations de managers, exige autant de maturité professionnelle que d’intelligence émotionnelle. L’assistant(e) y trouve non seulement un rôle stratégique, mais aussi une forme de reconnaissance souvent rare dans les structures plus traditionnelles.
Les ajustements au quotidien : une chorégraphie millimétrée
Trouver le bon rythme à deux relève souvent d’une chorégraphie invisible. Les premières semaines sont décisives : c’est là que s’établissent les codes informels, les réflexes et les marges de liberté. Un regard peut signifier « annuler ce rendez-vous » ; un silence, « je gère ». La performance du duo repose alors moins sur la quantité de travail que sur la fluidité des interactions.
Les outils de communication et les méthodes de travail hybrides, depuis la pandémie, ont bouleversé cet équilibre. Travailler à distance impose de reconstruire la proximité autrement : par la transparence, des points réguliers et un partage clair des priorités. L’art de collaborer devient alors une compétence stratégique à part entière, où chacun doit continuellement ajuster son mode d’action.
Du binôme au duo
Les frontières entre « chef » et « assistant(e) » tendent à s’estomper. Dans certaines grandes entreprises, on parle désormais de « Chief of Staff », un rôle qui s’apparente presque à celui d’un copilote. Ce glissement traduit une évolution culturelle : la reconnaissance que la performance d’un dirigeant ne se mesure pas seulement à ses décisions, mais aussi à la qualité des personnes qui l’entourent, et à la symbiose qu’il parvient à créer avec elles.
Reste qu’aucun binôme n’est parfait. Chaque duo invente sa propre recette, entre ajustements, intuitions et concessions. L’essentiel, au fond, n’est pas d’atteindre la perfection, mais de cultiver une relation qui rend le travail plus fluide, plus humain et, au bout du compte, plus performant.
Laura TORTOSA