L’écart de salaire entre hommes et femmes demeure une question préoccupante en France. Malgré les multiples campagnes de sensibilisation, dont celle des Glorieuses baptisée #6novembre11h25, une étude d’Appinio, expert en études de marché et enquêtes d’opinion, révèle une situation toujours préoccupante.
Discrimination salariale : la perception des Françaises
Selon cette enquête Appinio, près de la moitié des femmes, soit 45 %, estiment avoir été victimes de discrimination salariale. Surprenant, seulement 42 % d’entre elles attribuent cette discrimination à leur genre. En comparaison, seulement 11 % des hommes pensent avoir été discriminés sur la base du genre. Ces chiffres dévoilent une réalité inquiétante : la majorité des femmes se sentent discriminées professionnellement à cause de leur sexe.
Malheureusement, face à cette inégalité, 63 % des femmes concernées ne réagissent pas. Un quart ont signalé le problème au sein de leur organisation, que ce soit à la direction, au CSE ou à un représentant du personnel. Une minorité, 12 % seulement, a initié une procédure, comme se tourner vers le conseil de prud’hommes.
Perception de l’écart de rémunération
La perception de cette inégalité ne se limite pas aux femmes. 87 % des sondées trouvent cet écart de salaire injustifiable, dont 55 % le qualifient même d’inadmissible. Du côté des hommes, 74 % estiment également que cette situation n’est pas normale, bien qu’ils soient moins catégoriques que leurs homologues féminines.
L’étude d’Appinio a également mis en lumière que 57 % des femmes actives pensent que les attentes sociales liées à leur genre affectent leurs objectifs de carrière. Une proportion moindre d’hommes, 43 %, partage cet avis.
Satisfaction salariale et promotions
Sur le front de la rémunération, la satisfaction diffère également entre hommes et femmes. 66 % des femmes actives estiment ne pas être rémunérées à leur juste valeur, contre 58 % des hommes. Qui plus est, 76 % des sondés estiment que les deux genres ne bénéficient pas du même traitement en matière de promotions et d’augmentations. Les femmes sont, une fois de plus, plus tranchées sur le sujet : 84 % contre 69 % des hommes.
L’enquête montre aussi une tendance troublante : les hommes semblent obtenir des augmentations plus fréquemment que les femmes. 44 % des hommes affirment avoir eu une augmentation l’année précédente, contre seulement 31 % pour les femmes.
L’attitude face à la demande d’augmentation
S’agissant de revendiquer une meilleure rémunération, 97 % des femmes estiment mériter une augmentation. Pourtant, seulement 26 % d’entre elles envisagent d’entamer une discussion avec leur supérieur hiérarchique, la majorité préférant attendre une occasion plus opportune.
En outre, les femmes et les hommes n’abordent pas cette discussion de la même manière. 51 % des femmes sont stressées à l’idée de demander une augmentation, tandis que 66 % des hommes abordent la discussion avec confiance.
Les attentes envers l’action gouvernementale
Enfin, l’étude révèle un appel massif à l’intervention gouvernementale. 91 % des Français souhaitent voir le gouvernement prendre plus de mesures pour garantir l’égalité salariale. De plus, 90 % estiment que les entreprises de plus de 50 salariés devraient désigner un référent égalité salariale. Enfin, 88 % des sondés plaident pour la transparence obligatoire des grilles salariales au sein des entreprises.
Matthieu CHAUVIN
Voir les résultats complets de l’étude
Méthodologie
Étude conduite en France du 27 au 30 octobre 2023 auprès de 1 000 répondants. Représentativité nationale assurée par application de quotas en âge et en genre.
A lire également une publication de l’observatoire des inégalités (datée janvier 2023).