Une partie des clients peuvent voyager en vol régulier quand ceux-ci sont disponibles. Mais pour les groupes de grande taille et en haute saison, il est souvent préférable de se fédérer entre organisateurs de voyages et de partager des capacités charter spécialement affrétées.
Ces tour-opérateurs se regroupent pour louer un même avion (cela s’appelle « monter un avion » dans le milieu) et peuvent s’engager sur :
Des sièges en « allotement sans risque » rétrocessibles à l’affréteur si non vendus.
Des groupes ponctuels en basse saison (avril, mai, octobre, novembre…)
Des « blocks sièges » à risque, mais à meilleur coût, pendant toute la saison. Cela s’appelle des « achats fermes » ou du « co-affrètement » à partir de 10 sièges.
Les tour-opérateurs concurrents sur une même zone touristique à forte disponibilité hôtelière (Héraklion, Palerme, Palma de Majorque, Istanbul…) bénéficient alors d’un tarif optimisé, car plus un avion affrété est de grande taille, plus le prix au siège diminue. Ils partagent les risques sur le même avion et le même jour, ce qui permet de réguler la surcapacité.
Les tour-opérateurs qui assurent seuls un volume suffisant sur une destination affrètent souvent eux-mêmes leur propre avion charter sur toute la saison.
Dans le secteur des croisières, l’affrêtement d’avions gros porteurs pour acheminer les passagers vers le bateau et ramener les passagers précédents vers leur lieu de départ est très fréquent. Cette solution permet d’utiliser les deux tronçons de vols en « back to back » vers des destinations lointaines (Islande, Caraïbes, Groenland…) en optimisant l’utilisation de l’avion pour des groupes de grande taille.
Tourisme religieux
Le tourisme religieux est lui aussi un gros pourvoyeur d’affrètements. Il existe un vaste marché international de millions de passagers lié aux pèlerinages et évènements religieux tels que le Hajj ou la Omra à La Mecque, l’Assomption à Lourdes, Pâques à Rome ou encore Roch Hachana à Kiev… Ces évènements religieux ponctuels rassemblent sur une durée de séjour très courte plusieurs centaines de milliers de fidèles. Il faut alors affréter de nombreux avions commerciaux, souvent avec de nombreuses personnes à mobilité réduite et leur fauteuil. C’est une logistique lourde et complexe qui nécessite de grandes compétences (droits de trafic, choix des avions, horaires imposés, tarif, très forte contrainte de temps).
Voyages d’affaires
Il est souvent nécessaire d’affréter un avion, même de petite taille, pour le déplacement régulier de collaborateurs entre deux sites de production. Par exemple deux sites pharmaceutiques ou automobiles situés dans deux pays différents avec des échanges de personnels spécialisés ou mutualisés (ingénieurs, consultants, experts). Dans ce cas, la mise en place d’une navette industrielle régulière en avion est un atout pour fiabiliser la desserte tout au long de l’année. On peut ainsi utiliser le même avion de A vers B et de B vers A le même jour et réduire ses coûts.
Les compagnies d’extraction pétrolière ou minière affrètent elles aussi des vols charter pour les acheminements de leur personnel sur site à l’étranger lors de relèves d’équipes (« Crew change »). Il s’agit d’optimiser les rotations des personnels sur les lieux de production (plateformes off-shore, navires de forages, sites miniers). Typiquement, la nouvelle équipe arrive à Pointe Noire, Malabo ou Luanda et remplace la précédente qui a fini sa mission de six semaines et rentre dans son pays d’origine sur le même avion (qui aura attendu sur place en « immobilisation » pendant 12h) pour optimiser les coûts. Les entreprises sont ainsi assurées d’avoir tout le personnel d’une même mission à bord du même avion, une passation de consignes efficace et une logistique optimisée pour ce « transfert » rapide de A vers B, à des horaires choisis et sans escale commerciale, donc sans nuit d’hôtel pénalisante.
Quand les États affrètent des avions de ligne
Les États sont aussi de gros affréteurs, notamment pour leurs armées. Pour les déplacements urgents de troupes avec leur matériel (80 kilos et plus par personne) l’affrètement d’avions civils gros porteurs s’impose parfois, lorsque les moyens propres de l’armée sont insuffisants ou indisponibles. L’armée peut ainsi envoyer d’un coup de gros contingents de soldats et logisticiens pour des déplacements lointains en toute sécurité avec un emport cargo important.
Au-delà des armées, les États affrètent des vols spéciaux pour diverses raisons : des déplacements de populations lors de conflits ou catastrophes naturelles, des reconduites à la frontière ou des échanges de prisonniers après des négociations entre les pays concernés. Lors d’évènements exceptionnels (catastrophe naturelle ou humanitaire, conflits armés etc.) affrètement d’avions par les gouvernements ou certaines organisations non-gouvernementales permet d’acheminer sur les zones sinistrées l’aide de première urgence (nourriture, eau, vêtements, pompes, tentes) en même temps que les médecins, pompiers, spécialistes de gestion de crise qui vont venir en aide aux populations concernées.
Les gouvernements doivent aussi affréter des jets privés lorsque la situation l’exige : négociations urgentes lors de conflits, développement de marchés entre pays, location d’avions pour voyages diplomatiques, acheminement de justiciables particulièrement dangereux, exfiltrations ou évacuations sanitaires de hautes personnalités politiques.
Affrètements pour le fret
Les affrètements d’avions civils ne sont pas cependant pas limités au transport de passagers. La pandémie de Covid 19 a permis de rappeler toute l’importance de l’acheminement de biens indispensables en provenance de l’étranger, masques, gels, respirateurs, matériel électronique, mais aussi véhicules, nourriture, vêtements, pièces détachées, pompes hydrauliques, semi-conducteurs … Quand les vols réguliers s‘arrêtent, l’activité des sociétés industrielles et les demandes de la consommation ne peuvent souffrir de retard. Affrètement d’avions cargo gros porteurs (Antonov 124, Airbus Beluga, Boeing 747F…) devient alors crucial pour l’industrie et le commerce.
Les pièces longues, lourdes ou hors gabarit telles que des pièces d’avions, de fusée, de bateau, du matériel militaire mais aussi des animaux vivants, du fret urgent peuvent aussi être acheminés rapidement en avion-cargo spécialement affrété, jusqu’à 120 tonnes d’un seul emport.
Les matières dangereuses (“dangerous goods”) généralement interdites sur vol régulier (Acides, produits radioactifs, explosifs, feux d’artifices) peuvent également être acheminées en affrètement d’avion-cargo avec des compagnies ayant les autorisations réglementaires nécessaires pour assurer ce type de service.
Les compagnies aériennes régulières elles-mêmes affrètent parfois des petits jets ou turbopropulseurs en urgence pour acheminer les mécaniciens et leur matériel vers un avion en panne. L’essentiel est que l’avion commercial puisse être réparé dans les plus brefs délais car le coût de prise en charge des passagers d’un gros porteur de plus de 300 personnes, par exemple à La Réunion, est très important (repas, hôtel, compensations financières…). Les compagnies aériennes préfèrent ainsi affréter pour réparer rapidement et éviter des retards excessifs.