Oser dire ce qui ne va pas… sans blesser

Ne pas s’exprimer risque de condamner une relation, bientôt étouffée par les ressentiments. Pourquoi est-ce si difficile de dire ces choses qui nous gâchent la vie ?

Nous voulons tous être aimés et respectés.

Deux besoins fondamentaux s’opposent en chacun de nous. D’un côté, nous entendons faire respecter notre personnalité, nos différences et notre sensibilité. De l’autre, nous aspirons profondément à être aimés, à faire plaisir aux autres et à entretenir avec eux des relations agréables et faciles… Dans un tel contexte, il n’est pas toujours aisé d’exprimer un malaise relationnel ou de faire part à un collègue de ce qui nous dérange dans son comportement.

Déjouer le piège affectif

Lorsqu’un membre de notre entourage nous reproche une attitude ou une façon de procéder déplaisante, pénible ou inadaptée, nous nous sentons rejetés dans ce que nous sommes. Il n’est pas rare, après une banale remarque à propos d’un dossier mal ficelé ou d’un oubli particulièrement pénalisant, d’entendre le destinataire se récrier ainsi : “De toute façon, il ne m’aime pas, il m’en veut…”. Sur le plan affectif, cette réaction est normale, même dans un cadre professionnel.

Critiquer n’est pas rejeter

Il s’agit toutefois de ne pas confondre la personne et son comportement. En nous abstenant par peur de blesser l’autre, nous accumulons les griefs et les rancoeurs au risque d’épuiser notre capital de patience et de tolérance. A force de ronger notre frein et de nous contenter d’allusions, nous finissons par penser que l’individu en cause fait exprès de ne pas voir ce qui vous gêne. Dans les cas extrêmes, nous manifestons une agressivité subite, sous le coup de la colère… provoquand ainsi ce que nous voulions éviter à tout prix. Parfois, nous allons même jusqu’à rendre ce malheureux collègue responsable de notre maladresse et de notre embarras. Le fossé de l’incompréhension se creuse…

Proposer un échange authentique

Afin d’éviter cette situation contrariante, la seule solution consiste à communiquer. Pour que l’échange soit constructif, chacune des deux parties doit y trouver son intérêt et se sentir respectée. L’idée étant de démontrer à celui dont nous attendons compréhension et amendement que nous l’en savons capable et que nous l’estimons.

Méthode en 5 étapes

En cinq points-clés, découvrez la façon de faire passer votre message efficacement… et en douceur.

1. Je prépare ma “remarque” avec clarté, précision, mesure et objectivité, en restant centré sur les faits et leur effet négatif ou indésirable pour moi. Je pense à une alternative acceptable pour l’autre, un moyen concret d’améliorer ce qui est en question, et aux conséquences positives pour nous deux.

2. Je trouve un lieu adéquat et un moment opportun, lorsque je ne suis plus sous le coup d’émotions négatives, mais sans attendre trop longtemps pour éviter d’accumuler les tensions.

3. Je choisis mes mots en précisant bien qu’il s’agit d’un comportement ou d’un acte précis qui me pose problème. Je permets ainsi à l’autre de comprendre, sans qu’il se sente condamné d’avance ou, pire, rejeté et humilié. J’assume ma demande et limite ma remarque à ce seul point.

4. Je remercie l’intéressé d’avoir pris le temps de m’écourter et de répondre à ma demande. Il s’agit ici de valoriser le processus de communication établi et la disponibilité de mon interlocuteur.

5. Je suis prêt à accepter, le cas échéant, que mon vis-à-vis me demande à son tour de modifier l’un de mes comportements. Au besoin, je l’aide à exprimer ses attentes avec objectivité et sans jugement, par des questions précises : quoi, quand, comment, quel est le résultat souhaité (et réaliste), quelles sont les alternatives et les propositions d’amélioration ? En faisant preuve d’empathie et d’une écoute active, je me montre compréhensif et m’interdis de porter tout jugement sur le ressentiment légitime de l’autre. Enfin, je m’engage, dans la limite du possible, à respecter sa demande.

Les mots pour le dire :

Prendre rendez-vous : “J’aimerais te parler d’un sujet qui nous concerne : est-ce que tu as le temps de prendre un café (à midi, aujourd’hui, demain…) ?”

Situer brièvement l’entretien, avec clarté, respect et objectivité, en proscrivant tout jugement : “Je te remercie de m’écouter. Il s’agit de quelque chose qui me pose problème (et dont tu n’es peut-être pas conscient); c’est pour cela que je préfère t’en parler, afin que nous puissions trouver ensemble une alternative qui nous convienne à tous les deux.”.

Exposer le motif / Commencer par soi, puisque l’on est demandeur : “Je suis gêné / J’ai tel problème / Je perds du temps… lorsque tu fumes dans le bureau / t’absentes sans prévenir / ne transmets pas un message… comme cela s’est produit (exemples concrets et factuels : moments et lieux ou occasions, sans commentaires !”.

La demande, la proposition : “Pourrais-tu réfléchir à une autre façon de faire ou de nous organiser qui tienne compte de cela ?” ou “J’ai pensé à une alternative…” ou “Y-a-t’il quelque chose que je pourrais faire pour t’aider dans ce changement ?”.

Publié le 1 Fév, 2018

Rubrique Coaching

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