Cette expression est sur les lèvres de tous les recruteurs ! Pourtant peu de candidats savent précisément ce qu’il se cache derrière cette notion abstraite de transversalité. Que sont ces compétences ? Comment les valoriser dans sa candidature ? Éclairage.
Compétences transférables ou compétences transversales ?
Est-ce deux mots différents pour exprimer la même idée ? Selon les professionnels interrogés, la réponse est non. « Même si elles contribuent toutes deux à étayer un argumentaire de mobilité interne ou externe, il ne faut pas confondre les compétences transférables et transversales », insiste Monique Mattera, directrice du centre de bilans de compétences MMC. Grâce aux compétences transférables (mener un audit, répondre à un appel d’offre, gérer des stocks…), un candidat en recherche d’emploi peut briguer une fonction similaire dans un secteur d’activité diamétralement opposé de son précédent. En clair, ces compétences en commerce, communication, informatique peuvent intéresser tout type d’entreprise, qu’elle évolue dans l’industrie, le web, le bâtiment…
“Grâce aux compétences transversales, un salarié identifié comme potentiel peut occuper, tour à tour, un poste dans le marketing, le commerce, la production… “
Moins évidentes à distinguer, les compétences transversales sont valorisables dans le cadre d’une reconversion ou d’une évolution. « Un responsable d’expérimentation dans un laboratoire de recherche peut devenir, suite à la perte de son poste ou la réorganisation de son entreprise, responsable de la coordination des cours pédagogiques grâce à ses compétences transversales de collecte d’infos et d’analyse des données, même si ce poste est éloigné de celui qu’il occupait », illustre Monique Mattera. En clair : « grâce aux compétences transversales, un salarié identifié comme potentiel peut occuper, tour à tour, un poste dans le marketing, le commerce, la production… », illustre Laurent Hurstel, directeur associé du cabinet Robert Walters.
Des compétences clés en période de crise
Les recruteurs s’accordent à dire que ce sont les compétences transversales qui sont les plus stratégiques dans un contexte de guerre des talents. « Les entreprises sont exigeantes vis-à-vis des profils qu’elles embauchent car les parts de marché sont difficiles à gagner. Elles cherchent donc des candidats capables de faire plusieurs métiers au cours de leur carrière », explique Laurent Hurstel. C’est notamment le cas des entreprises positionnées dans des secteurs technologiques qui, par définition, évoluent rapidement. « Chez Capgemini, nous sommes friands des profils caméléons capables de s’adapter sans cesse à de nouveaux contextes de travail », illustre Jeanne Cambournac, responsable des ressources humaines de la division Services.
Puisqu’elles peinent à trouver de bons candidats qualifiés, les entreprises misent de plus en plus sur la transversalité de leurs équipes. « Aujourd’hui, les salariés souhaitent occuper un poste pendant cinq ans maximum. Au-delà, ils formulent le désir de changer. Si les entreprises ne les retiennent pas avec des opportunités, ils quittent leur poste », constate Laurent Hurstel. Par conséquent, les recruteurs sont nombreux à regarder, dès l’entretien d’embauche, si les candidats disposent de compétences transversales. « Pour les postes de cadres, nous avons une vision à trois ans, ce qui signifie que lorsque nous recrutons un profil, nous savons d’ores et déjà sur quel poste nous serons amené à le positionner par la suite », explique-t-il.
Comment valoriser sa transversalité ?
Dans un CV, « il est difficile de mettre en exergue ses compétences transversales », concède Laurent Hurstel. Et pour cause : « un candidat qui laisse le recruteur imaginer qu’il peut mettre en pratique ses compétences dans une toute autre activité, ça ne rassure pas », estime Monique Mattera. Le seul levier dont vous disposez à cette étape est donc de soigner la rubrique Compétences professionnelles de votre CV. En les classant en trois catégories : compétences métiers, compétences transversales et savoir-être, les recruteurs pourront ainsi constater, à la première lecture, votre désir affiché de vous adapter à de nouveaux environnements.
S’il est peu pertinent de citer ses compétences transversales dans sa lettre de motivation, il est possible de les indiquer lors de l’entretien. Car c’est à ce stade que les recruteurs essaieront de les déceler. Pendant la présentation de votre parcours, parlez de vos expériences en précisant, à chaque fois, quelles compétences-clés elles vous ont permis de développer. Cet exercice aidera les professionnels RH à imaginer des passerelles entre le poste que vous briguez le jour J et celui qui pourrait vous intéresser dans quelques années. Pendant l’entretien, faites également preuve d’ouverture. « Un consultant qui me dirait vouloir uniquement travailler sur le système de gestion de base de données Oracle ne retiendra pas mon attention », conclut Jeanne Cambournac.
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